Voici quelques semaines, je fus l’heureux invité de la Tunisie, terre proche et amie, qui sort d’une période mouvementée de son histoire, comme celle que peuvent connaitre les jeunes démocraties.
Le retard de notre vol pour TOZEUR nous est gratifié d’une courte et agréable escapade au lumineux SIDI BOU SAID, un de ces lieux intemporel de la méditerranée, ou les bleus et les blancs des rues et des maisons se mêlent aux bleus de la mer et de l’horizon.
L’arrivée à TOZEUR se fait dans la nuit froide de cette ville oasis que je redécouvrais pour l’occasion.
Ici point de bleu, du vert et de l’ocre et le grouillement des motos, calèches, et autres attelages qui contraste avec le calme des jardins de la palmeraie ou s’activent en douceur les oasiens à la récolte des dattes ou l’entretien des nombreux petits canaux d’irrigation. Le vert des palmes et l’or des grappes de dattes, forment une canopée aérée d’où se dégage une atmosphère paisible propre aux oasis.
Le soir nous partons en caravanes de 4X4 vers un des sites de tournage du film « STARS WARS » dont j’ignorais que cela devenais des lieux de pèlerinage ou tout a moins un vrai motif de voyages pour certains fans.
Les organisateurs avaient prévu un cocktail au sommet d’une des dunes d’ONG JEMEL pour admirer le coucher du soleil, pendant que se préparait en bas, au milieu des vestiges de torchis du tournage, la mise en place du diner spectacle sur le thème « STARS WARS »
Je descendis à pied le long des crêtes de sables pour assister aux coulisses des préparatifs, ambiance d’un autre type, lumières psychédéliques, écran géant sous des portiques métalliques au milieu de nulle part, les acteurs s’entrainent aux simulacres de combat entre DARK VADOR et HAN SOLO .
Les spectateurs fans me font sourire avec leur attirail de gadgets, à l’instar de la perruque de princesse LEIA qui fait le tour de quelques têtes le temps d’une photo.
La soirée s’est poursuivi très Jazzie et fusion avec une belle voix tunisienne
Les jours suivants furent consacrés à la découverte des magnifiques oasis de montagne de MIDES ET CHEBIKA, puis la traversées du CHOTT EL DJERID, pays des mirages où le jeu de la réverbération du soleil transforme les plaques de sel en lac et les moindre touffes d‘ herbe en oasis aussi proches qu’inatteignable , et réellement irréelles au contraire de ce moment irréellement réel et surprenant que fut le spectacle « musique et silence » dans un amphithéâtre naturel de pierres en plein désert, qui nous invitait à la contemplation et la méditation.
Je n’ai répondu à cet appel que le lendemain. Je m’imposai un réveil très tôt après une nuit paisible sous la tente pour assister en solitaire au spectacle du lever du jour sur les dunes de TENBAIN.
Seul, emmitouflé dans mon BURNOUS, le visage enturbanné d’un chèche, je me posais au creux d’une courbe de crête pour m’abriter du vent cinglant qui balaie les sommets des dunes et m’offrit ce spectacle de la nature.
Les caresses du vent voilent les crêtes blondes de sables d’un éphémère empreint diaphane, dont la trace blanche et fugace souligne les formes à l’infini des dunes dans l’immensité du désert, comme celle des souvenirs tenaces d’une vie.
Autant de dunes, autant de vies, autant de rêves et de moments vécus dans un seul monde qui bouge au rythme des jours et au gré des vents du destin.
L’essentiel de ce moment posé au sommet d’une dune, seul à contempler le désert et attendre le lever de l’astre se love dans l’étrangeté d’un soi à soi.
Ce matin-là une brume, plutôt rare sous cette latitude, masquait l’horizon et l’apparition de l’astre attendu ne pouvait se deviner qu’au travers de la lueur devenant tout doucement clarté.
Je prenais ainsi la dimension de la perpétuité du temps et de la condition intemporelle du vrai voyage qui suffit à faire trembler le socle de mes certitudes et qu’au-delà du dépaysement recherché je devinais dans ce miroir de sable un autre visage de moi même.
La richesse du silence m’invite au recueillement, et mes pensées toutes entières gagnent mon être d’une certaine envie de sobriété se mêlant à un désir de dépouillement, comme si l’ art de voyager consistait finalement à se laver de l’intérieur pour affronter les étapes suivantes d’ une vie trépidante, plus paisiblement.
Bernard Garcia
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