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  • Les « Rencontres de Montségur » se délocalisent dans l’Aude à Cailhau pour la journée annuelle d’études consacrée à l’Histoire du catharisme

    Les « Rencontres de Montségur » se délocalisent dans l’Aude à Cailhau pour la journée annuelle d’études consacrée à l’Histoire du catharisme

    Samedi 3 novembre, pour la séquence 2018, à l’invitation de la mairie de Cailhau et des amis d’Achille Laugé et grâce au soutien de l’Académie des Arts et des Sciences de Carcassonne, l’association ariègeoise « Rencontres de Montségur », a permis au public venu en nombre d’assister aux conférences extrêmement sérieuses données par des intervenants exigeants sur l’histoire du catharisme dans notre région.

    Raymond Richard relatait les destins croisés (sans jeu de mots) des deux frères ennemis que furent au 13° siècle Chabert de Barbeira et Olivier de Termes.

    Patrick Ducome revenait sur l’historiographie de la Mémoire grâce à la démonstration exceptionnelle et à distance de l’historien Michel Roquebert sur ce constat que «La torture et la disparition des Cathares résultaient d’un système et non d’un accident de l’histoire ou d’une bavure! »

    Annie Cazenave, historienne, ingénieur CNRS, bien connue en France et à Foix où elle réside, a conquis l’auditoire par son intervention très vivante sur le « mythe d’Esclarmonde de Foix. »

    Gilles-Henri Tardy de La Roque d’Olmes, ancien diplomate et historien des religions, développait comment en passant par les Yézidis et les Bogomiles, le catharisme a pu s’implanter en Languedoc, suivi du billet d’Eric Delmas, venu de Carcassonne, pour poser quelques petites questions ponctuelles pour éclairer la réflexion.

    En conclusion de cette journée d’Etudes, Olivier Cébe, secrétaire de la société du souvenir et des études cathares, livrait un vibrant réquisitoire fort documenté sur l’identité et l’unité de notre territoire titré « Moyen âge… en eaux troubles ».

    Ce qu’il y a de remarquable dans cette Journée de Cailhau est la formidable adhésion des publics pour se retrouver unis pour une journée complète avec repas de midi et même du soir afin de prolonger les échanges. Grâce à sa formule inédite, elle promet avec les « Rencontres de Montségur » de devenir un incontournable rendez-vous des chercheurs et des curieux de l’histoire.

  • Montségur et catharisme : La Chute

    Montségur et catharisme : La Chute

    2000 guerriers en bas contre 200 en haut 

    Mai 1243, l’armée des croisés s’installe au pied du pog. On parle de plusieurs milliers d’hommes, mais les historiens aujourd’hui s’accordent à dire qu’il y avait 2000 à 3000 combattants. Face à eux, une garnison d’environ 200 guerriers, le reste de la population du castrum étant des civils.

    « Je crois que nous aurons toutes les peines du monde à nous emparer de Montségur« . Hugues des Arcis

    En effet ce fût le plus long siège de l’histoire de la croisade contre les albigeois. Face à l’armée de croisés commandée par Hugues des Arcis, Montségur va résister pendant 11 mois.

    Durant les huit premiers mois, les croisés vont connaître l’échec. Ils attaquent la face sud du château (l’actuel chemin emprunté par les touristes), l’endroit le plus accessible mais également le mieux défendu par trois lignes de murailles et contre ces murailles les croisés se cassent le nez.

    De mai à décembre, l’armée est tenue en échec. Hugues des Arcis imagine donc une véritable mission « commando ». Il recrute une quinzaine de montagnard, probablement des ariégeois connaissant bien le pays et n’ayant pas peur du vide. Aux environs de Noël, de nuit, le « commando » va s’emparer de l’extrémité est de la montagne, la falaise du Roc de la Tour.

    Aucun combattant de Raymond de Pereille en poste en haut de la tour n’en est revenu vivant

    Après la prise de la Tour les croisés font monter leurs catapultes, poutre après poutre, à l’aide de câbles de corde. Les combats vont maintenant se passer sur la montagne et vont devenir de plus en plus violents. Pendant les semaines qui suivent, les croisés vont prendre l’une après l’autre toutes les défenses qui barraient la montagne.

    En février 1244, on se bat toujours. La résistance de Montségur est opiniâtre et héroïque 

    Cependant, les croisés sont bloqués par la dernière muraille « la barbacane du castrum ». Derrière cette muraille, il n’y a plus de défense, il n’y a plus que des civils, femmes et enfants. Mais la garnison de Montségur ne baisse pas les bras et continue de se battre.

    Pendant un mois, les croisés vont bombarder de jour comme de nuit, à la lueur des torches et des flambeaux, cette dernière défense. A la fin du mois de février 1244, un dernière attaque fût menée à l’aide d’échelles. Cette attaque fût repoussée mais au prix de pertes humaine considérables.

    Les co-seigneurs de Montségur, Raymond de Péreille et son gendre Pierre-Roger de Mirepoix, n’ayant plus assez de combattants, décident de déposer les armes.

    Le 2 ou 3 mars 1244, après onze mois de siège, Montségur est tombé

    Prochain épisode : Après les Cathares

    horaires d’ouverture du château et des visites avec Fabrice : www.montsegur.fr

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  • Montségur et catharisme : la vie sur le castrum

    Montségur et catharisme : la vie sur le castrum

    De 1204 à 1244, Montségur va être occupé par une grosse communauté cathare.

    Il reste aujourd’hui une infime partie du village. on trouve principalement des fondations, dégagées par les archéologues entre 1964 et 1998.

    Ce qui est intéressant, c’est que ces vestiges sont cathares au vrai sens du terme. Il n’y avait rien avant, il n’y aura plus rien après. Les croisés ont détruit le village et l’ont reconstruit plus bas, c’est l’actuel village de Montségur.

    Sur le castrum, il y avait 3 sortes d’habitats.

    Tout d’abord, les « logis« , sorte de maison forte, dont l’une appartenait au seigneur de Montségur Raymond de Pereille, la deuxième à son gendre Pierre-Roger de Mirepoix.

    Au dessous de ces logis il y a ce qu’on appelle « les domus« , sorte d’hôtel particulier sur trois niveaux. Au premier niveau l’étable, au deuxième le lieu d’habitation, et au troisième le grenier.

    Et enfin les « cabanas », de petits logement ne dépassant pas 15m2 et que ne pouvaient loger que une à deux personnes.

    On sait que les cathares n’avaient pas d’église bâtie. Ils prêchaient dans la nature, auprès d’une rivière ou d’un rocher, quelquefois en catimini dans un atelier. Montségur est l’exception.

    Les dépositions des survivants font état d’une « maison réservée au prêche » dans laquelle plus de 100 personnes pouvaient se rassembler pour écouter l’évêque cathare Bertrand Marty. Cette maison n’a pas été retrouvée par les archéologues.

    Tous ces bâtiments étaient complétés d’ateliers. On sait qu’il y avait des ateliers de tisserands, des boulangers…

    Une vrai ville de montagne a vécue ici pendant plus de quatre décennies 

    Tout ces bâtiments étaient reliés par des ruelles, des passages ainsi que des places où les cathares pouvaient converser. Tout ce que l’on imaginer nécessaire à un ville on l’avait sur le castrum.

    Prochain épisode : La chute de Montsegur

    horaires d’ouverture du château et des visites avec Fabrice : www.montsegur.fr

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  • Montségur et catharisme : la spiritualité cathare

    Montségur et catharisme : la spiritualité cathare

    Mais qui sont vraiment les Cathares ?

    Les cathares sont, tout d’abord, des chrétiens. Mais des chrétiens taraudés par une question fondamentale. « Si Dieu est tout puissant, comme il est écrit dans la Bible, pourquoi y a t’il le mal sur terre ?« 

    Leur réponse est que Dieu est tout puissant dans le ciel mais pas sur terre. Le monde matériel dans lequel nous vivons ainsi que notre corps de chair a été créé par le Diable. Notre âme, immortelle, a elle été créée par Dieu.

    Le jour de notre mort soit notre âme est jugée parfaite et elle quittera ce monde pour atteindre le Paradis, soit notre vie n’a pas été exemplaire et il faut refaire un passage, dans cette grande prison matérielle qu’est le corps, jusqu’à ce que notre vie humaine soit exemplaire.

    Comme dans toutes les prisons, il y’a des cellules, sauf que celles-ci sont individuelles. Ce sont nos corps

    Les cathares pensaient en quelque sorte à des principes de « réincarnations »

    Prochain épisode : le Castrum et la vie cathares

    horaires d’ouverture du château et des visites avec Fabrice : www.montsegur.fr

  • Montségur et catharisme : le château

    Montségur et catharisme : le château

    Lorsque l’on se rend au château de Montségur et que l’on franchi la porte, on a tendance à se dire, finalement, Montségur c’est vide. Et c’est vrai que ce château « des vainqueurs » (voir épisode 3 : Montségur et catharisme : le castrum) il ne reste qu’une coquille vide.

    A l’intérieur de ce château se développait tout un réseau de corps de bâtiments, des logis, des passages, une écurie et même probablement une chapelle.

    Il y avait également un étage,(on voit encore aujourd’hui les niveaux de plancher) desservi par des escaliers, où était établie la garnison.

    Les toitures des bâtiments étaient conçues pour amener l’eau vers l’intérieur de la cour. Un impluvium comme disaient les romains qui avaient en fait inventé le premier récupérateur d’eau.

    Le château était dominé par une tour, le Donjon, qui était à l’époque deux fois plus haut que ce qu’il en reste aujourd’hui. Il comprenait un étage ainsi qu’une terrasse supérieure couverte.

    Le Château de Montségur, un phare sur un pic

    L’ouverture du donjon donnant sur la cour intérieure que l’on peut prendre pour une fenêtre, était en en fait une porte. on y accédait par le chemin de ronde. Les trois trous carrés juste en dessous servaient à recueillir trois solives qui dépassaient d’environ deux mètres et sur lesquelles on appuyait un plancher qui servait de balcon.

    Si tous ces bâtiments ont aujourd’hui disparu c’est que la plupart étaient en bois.

    Prochain épisode : le spiritualité cathare

    horaires d’ouverture du château et des visites avec Fabrice : www.montsegur.fr

  • Pays des Pyrénées Cathares : 800ème anniversaire de la croisade

    montsegurQualifiés d’hérétiques, de cathares ou de parfaits par ceux qui les dénoncent, ils se nomment eux-mêmes bons hommes et bonnes femmes et leurs fidèles, bons croyants. On a lancé contre eux une vaste croisade…

    Loin des origines orientales qu’on veut bien lui prêter, le catharisme est une forme médiévale de christianisme. Ses adeptes se considèrent comme la vraie Eglise du Christ et des apôtres à la différence de Rome qui a, selon eux, dévoyé l’héritage initial. Dès le XIe siècle, dans différentes parties d’Europe, les condamnations se multiplient. En Occitanie, en revanche, le catharisme trouve un terreau propice. Le catharisme se diffuse dans le comté de Toulouse et dans les vicomtés réunis par la famille des Trencavel – Carcassonne Béziers, Albi et Limoux-. Le monde féodal méridional est moins structuré et centralisé que son pendant du nord. On y trouve de nombreuses et complexes co-seigneuries ; des liens de vassalité denses. Une fois qu’il a touché la classe aristocratique, le catharisme peut, dans ce contexte, s’ancrer facilement et profondément. Dans le village fortifié autour du château que l’on appelle le castrum, les habitants se côtoient continuellement. Leurs maisons sont enserrées à l’intérieur du rempart au pied de la tour féodale et les pratiques des uns influent sur celles des autres. C’est d’autant plus vrai que les religieux cathares vivent au cœur des bourgades, priant et travaillant à la vue de tous. Ils occupent des maisons communautaires ouvertes dont on compte une cinquantaine à Mirepoix, dont certaines sont fondées pour les femmes comme à Dun ou Lavelanet. Leur église est organisée ; elle propage sa foi et dispense les sacrements.

    Lorsque Innocent III accède au siège pontifical en 1198, la réponse des autorités catholiques va se faire plus musclée. Dès 1208, le nouveau pape s’appuie sur le prétexte de l’assassinat de son légat, Pierre de Castelnau, pour appeler à une croisade. Elle démarre en 1209. Comme pour toutes les autres croisades, il s’agit d’une guerre contre les infidèles permettant de déposséder et de tuer. La différence est que cette croisade-ci se déroule en terre chrétienne. Les armées du nord déferlent sur le Languedoc avec pour objectif de chasser de leurs terres, afin de les remettre à de bons catholiques, tous ceux qui protègent l’hérésie. Bûchers collectifs, massacres de civils, pillages se succèdent.

    C’est à Béziers en juillet 1209 qu’est prononcée cette phrase tristement célèbre : « Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens ». Les chevaliers que l’on va alors appeler les faydits sont dépossédés au profit des barons du nord, la famille de Lévis notamment pour la terre de Mirepoix et du pays d’Olmes.

    Après la mort en 1218 du célèbre chef de guerre croisé, Simon de Montfort, l’espoir renaît et les reconquêtes se multiplient. Il est de courte durée. A partir de 1226, le roi de France, Louis IX, intervient à la tête d’une puissante armée. L’alliance du roi et du pape conduit à la défaite du Midi. Par le traité de Meaux en 1229, les terres du comte de Toulouse reviennent à sa fille Jeanne promise au jeune frère du roi, Alphonse de Poitiers. Si le sort politique du Languedoc est scellé il n’en est pas de même pour les églises cathares qui entrent dans la clandestinité. Montségur abrite les évêques successifs du Toulousain mais aussi le clan seigneurial Péreille-Mirepoix et ses défenseurs. Ce nid d’insoumis offre une double résistance : à l’ordre catholique romain et à l’ordre royal français.

    En 1244, après un an de résistance, les assiégés se rendent. En cette journée du 16 mars, deux cents vingt religieux choisissent le bûcher plutôt que d’abjurer. Ce n’est pas encore la fin du catharisme puisque qu’il y aura des croyants jusqu’au XIVe siècle avec un renouveau en Haute Ariège mais c’est la fin de l’Eglise cathare structurée en Occitanie.