Auteure ariégeoise, Josette Elayi publie son dernier roman : Arwad Une ile syrienne à la dérive
Tour à tour professeur de lettres, chercheur au CNRS en histoire ancienne de la Phénicie, éditeur, essayiste et journaliste occasionnelle, Josette Elayi Escaich a publié plus de 25 livres et de 200 articles, couronnés par deux prix à l’Académie et la légion d’honneur décernée par le Ministre de la recherche.
Née à Bordes sur Lez, dans la vallée du Couserans et après des études secondaires au Lycée de Saint-Girons, elle quitte donc son Ariège natale pour des périples multiples, d’extrême Occident en extrême Orient. Elle a connu la guerre du Liban et vécu dans l’Irak de Saddam Hossein.
Après nous avoir emmenés, avec subtilité et précision dans le dédale chaotique d’un pays attachant et accablant qu’est l’Irak dans son roman «L’ombre de Saddam», puis dans la tête d’un terroriste de l’ETA avec Pourquoi je suis devenu un terroriste, Josette Elayi nous ramène au Moyen Orient et nous entraîne cette fois en Syrie avec son dernier roman « Arwad une île syrienne à la dérive« .
Face à la Syrie à feu et à sang, Arwad est en 2017 une île à la dérive où chacun s’efforce de survivre.
En 1980, Farès l’instituteur alaouite, son doctorat d’histoire ancienne en poche, rentre sur son île, Arwad, et découvre l’effroyable massacre de sa famille. Sa vie se concentre sur la recherche du tueur. Au cours de son enquête, il apprend qu’il est lui-même un enfant adopté et il part à la découverte de ses origines. Sa raison aurait sombré sans le soutien de ses deux amis, Élias, le pêcheur chrétien et Adnan, le cafetier sunnite. Jusqu’à la nuit terrible où Farès recueille un enfant muet, échoué sur les rochers, qui fait basculer sa vie.
extraits
L’île d’Arwad se devine tout au loin, là-bas, tel un point de rupture imperceptible sur la ligne d’horizon. Malgré la pesante lourdeur des nuées ensanglantées par le soleil couchant, l’horizon incertain s’enfuit à mesure que je me rapproche pour essayer de l’atteindre. Dans un ronronnement poussif, la navette qui relie Tartous à Arwad peine à fendre de son étrave émoussée les assauts des vagues inlassables, comme si elle devait se frayer un chemin à contre-courant. Elle est un peu à l’image de ma vie où j’ai toujours la sensation, même pendant les jours heureux, d’être en décalage avec elle, de vivre mon destin à rebours. Pourtant, j’ai intensément réfléchi pour tenter de comprendre qui je suis en réalité et pourquoi je me sens toujours en rupture avec moi-même comme si j’étais mon propre ennemi.
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Après ma soutenance de thèse, je me suis plongé dans la magie du souk Hamidiyé, bourré d’une foule bariolée et bourdonnante, saturé de senteurs d’épices, de musc et de capiteux parfums orientaux. En jouant des coudes parmi la foule, j’ai exploré ses incroyables boutiques dont chacune est pour moi une caverne d’Ali Baba où j’ai découvert mille merveilles avec un enthousiasme enfantin. J’ai déniché pour mon père Ammar un vieux narguilé patiné par le temps et, pour ma mère Amira, un délicat coffret à bijoux en bois de cèdre incrusté d’ivoire. J’ai divagué sur un caraco noir damassé car je l’imagine déjà sur le corps sublime de Nour que je vais bientôt serrer contre moi.
Arwad, une île syrienne à la dérive
Josette Elayi
Editions Glyphe