Auteur/autrice : Margaux Vallet

  • Margaux, août – septembre : Le billet sans retour ?

    Margaux, août – septembre : Le billet sans retour ?

    Un départ ? Et comment ! C’est un aller sans retour que je viens de réserver. L’année 2018 a été émotionnellement très chargée alors il est de temps de prendre le large. De partir, et pourquoi pas sans retour ? 

    3 septembre 2018, (pour la huitième fois depuis le début de l’année j’embarque dans un avion avec comme un seul cap l’Ouest, comme seule vue l’horizon), après 8 semaines passées entre sauce tomate, champignons et fromage, est arrivé le moment de rendre le tablier, aussi vert que les montagnes qui nous entourent. 
     
    La saison se termine ; chacun des saisonniers reprend sa vie, ses études… son quotidien ; chacun dépose son uniforme, son badge et ses clés au bureau. Pour ma part, j’ai plus de 2 000 pizzas dans les biceps, un peu de farine sur mes affaires, quelques compétences à ajouter à mon CV mais surtout des souvenirs plein la tête : des paysages grandioses, des amitiés à chérir et des promesses de retrouvailles dans des pays encore inconnus. 
     
    Je range les affaires que j’avais éparpillées du sol au plafond de ma petite caravane, je démarre la voiture et lance un dernier regard à celles et ceux qui ont participé à rendre cet été plus supportable malgré la chaleur du four, les interminables commandes et les jours de tempête. Je quitte la Savoie avec la certitude que les montagnes gardent en mémoire les souvenirs de ces dernières semaines et il semblerait qu’aujourd’hui seul le vent se chargera de me guider jusque dans le Sud. 
     
    Mais ça n’est qu’une étape… Je passe voir mon oncle, ma tante, mes cousines autour d’un petit-déjeuner improvisé… Je retrouve une amie de la famille, chère à mon coeur et, le temps d’un café, on se raconte la vie, le temps qui passe… des babioles sans importance… un petit moment suspendu qui recharge les batteries. Je quitte Manosque, au coeur de la belle Provence, pour les Pyrénées… le paysage se transforme et au loin la chaîne re-dessine l’horizon. 
     
    Pau ne sera, encore une fois, qu’une étape. De 48 heures. Je retrouve mes parents… et ma grand-mère nouvellement installée ; comme à chaque fois, on dirait qu’on s’est quittés la veille. 
    48 heures ensemble : c’est aussi normal qu’étrange… Au diable la fatigue et le manque de sommeil ! chacun sait que ces instants ensemble sont précieux. Alors on profite et on ne s’offre rien de plus, rien de moins, que du temps et, la veille de mon départ en fin de journée, je me dis qu’il est probablement temps de refaire ma valise. Moment insolite dans le salon familial, devant les yeux amusés et intrigués de ma famille qui m’observe entasser dans un sac de 60 litres tout ce que je possède au monde. Le temps passe ; (re)vient le moment des au-revoir. Ce n’est pas facile. On s’enlace. On se murmure quelques mots d’amour, quelques mots d’encouragements et… je laisse sur la quai de la gare de Pau quelques morceaux de mon coeur, déchiré de ce nouveau départ… emballé de ce nouveau départ… Mais toi et moi on sait que le premier pas est toujours le plus dur, alors sèche tes larmes maman, on se retrouve très vite. 
     
    J’accomplis un dernier travail photographique près de Bordeaux et me voilà à nouveau dans l’espace pressurisé d’un avion, direction le grand Nord (toujours dans la modération). Je décolle de Bordeaux (c’est une première) pour la jungle parisienne : métro, bus, train… Et enfin la rame s’arrête dans une gare de l’Oise, aux portes de la Capitale. Là sur les quais… Laure, (que tu connais maintenant aussi bien que moi), m’attend. J’ai du mal à dissimuler le plaisir de retrouver un visage familier, de lui raconter, de l’écouter, d’en rire et de partager un moment à quelques heures seulement de mon départ pour l’étranger. Quand tu penses qu’il y a un an, presque jour pour jour, Juliette venait me chercher devant l’épicerie de Sacré Coeur, Quebec et je m’apprêtais à rencontrer toute l’équipe (dont Laure) de Canopée 2017. Aujourd’hui, on se retrouve en France pour s’offrir juste une parenthèse, juste une pause… et une promesse : des retrouvailles ! Des retrouvailles dans l’Hémisphère Sud… L’aventure ne s’arrête jamais ! 
     
    Depuis, les jours ont défilé : d’avions en escales ; d’heures d’attente dans des halls d’embarquement en passages à la douane ; de bouchons sur l’autoroute en « petites routes » isolées… me voilà enfin arrivée dans le Colorado d’où je t’écris ces nouvelles. Au Sud des Rocheuses, ce massif qui ne connait pas de frontières humaines, et qui relie le fabuleux Canada au Mid-West américain. C’est dans ce désert merveilleux, à plus 1 700m d’altitude, que je pose mon sac pour 5 semaines. 
     
    Colorado rime avec Shirley et Danny, que je ne te présente plus, et chez qui je reviens année après année… (Il y a 3 ans je découvrais le comté de Montrose avec des étoiles dans les yeux et aujourd’hui je retrouve très naturellement mes habitudes dans cet endroit qui est devenu très familier au fil des ans. 700 âmes sont installées à Nucla, cette petite ville sans prétention qui a inscrit dans sa Loi, depuis 2013, que chaque foyer DOIT posséder une arme à feu. Ça te met dans l’ambiance. Ici c’est l’Amérique. La vraie.) On se voit 2 jours, le temps de passer les consignes et pour eux de boucler les valises et de s’envoler vers l’Europe pour quelques semaines de vacances. Moi je reste. Ça change ! 
     
    Voilà presque 10 jours que je suis arrivée en Amérique. Je vais sûrement te surprendre en te disant que cette solitude… je l’attendais avec une certaine impatience. Non pas que je sois une sorte d’ermite misanthrope… mais j’avais besoin de me poser, de me retrouver. Tu sais, juste avoir le temps de me reposer, de travailler sur mes projets photo, de me balader, de lire… de profiter… et tu sais quoi ? ça fait un bien fou de n’avoir pour objectif quotidien guère plus que promener le chien Kirby, sortir les huit moutons de la pâture, nettoyer les abords de la maison ou récolter les légumes du jardin extraordinaire, de cuisiner et me régaler de légumes frais, peindre, découvrir, ou juste flâner au soleil… et préparer la suite de mes voyages. 
     
    D’ailleurs, dans quelques semaines, devine où je serai ? Oui ! Dans un avion. Un autre. J’embarque bientôt pour 3 jours de voyage littéralement à travers le continent américain : 13 400 kilomètres entre le Colorado et… le pays du tango, du Mate et des Pesos. Je te retrouve donc le moins prochain en plein coeur de l’Argentine. 
     
    D’ici-là, sache que je reçois régulièrement des messages de toi qui, derrière ton écran, lit fidèlement mes aventures. Je tenais à te dire merci de prendre quelques minutes pour m’écrire ou m’appeler et merci pour tes encouragements. Sache que tu arrives à me faire rire ou pleurer d’émotions et que ça fait un bien fou. 
     
    Merci d’être là et de le faire savoir.

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  • Margaux, Juin-Juillet 2018 : Pizza, Pizza

    Margaux, Juin-Juillet 2018 : Pizza, Pizza

    Qu’on se le dise. Je n’ai jamais suivi le Tour de France avec grand intérêt. Jamais. J’ai des souvenirs de courses, d’échappée, de descentes vertigineuses et de montée laborieuses… mais je suis incapable de te donner des noms de coureurs, des équipes et je ne comprends toujours rien aux couleurs des maillots ! Par contre, je me souviens qu’entre les déménagements de Crampagna à Rabat-Les-Trois-Seigneurs et jusqu’à Varilhes l’occasion était trop belle de « voir » le Tour d’aussi près. 

    Derrière les barrières sur les allées de Vilotte à Foix ou directement dans les champs de la Remise le long de la N20. On prenait le pique-nique en attendant de voir passer la caravane et de récupérer les bonbons et les casquettes qu’ils envoyaient aux passants. 

    Cette année le Tour de France est passé à Bourg-Saint-Maurice où j’ai commencé ma saison au camping. Nous sommes complets et avons accueilli les fidèles du Tour tout comme le fait l’Ariège chaque année. Les coureurs se sont échauffé les mollets dans les côtes très raides des montagnes qui nous entourent .. Ils sont prêts pour arriver dans notre belle Ariège !

    La vie continue sur le camping et si certains imagine que la vie saisonnière ressemble de près ou de loin à « des vacances »… c’est loin des cocktails et de la piscine que je passe mon été. A peine le temps de poser mes valises dans la petite caravane, on me remettait uniforme, badge et clés de la roulotte… Et me voilà en pizzaïolo… fin prête à faire pâte, pâtons et sauces toute la saison ! Et croyez-moi, entre la Coupe du monde, le Tour de france et les mondiaux de kayak, autant te dire qu’il m’a fallu tenir la cadence !  Et bien, malgré les commandes à rallonge, la sauce tomate qui tâche et les oignons à détailler, c’est un nouveau métier que j’apprivoise avec beaucoup d’enthousiasme. 

    Ma vie au camping se fait avec une équipe très jeune. Les débuts sont timides. Nos parcours sont différents et tu imagines sans peine que nos points d’accroche sont encore « à trouver ». Mais je suis persuadée que les personnalités compatibles se reconnaissent … Alors on y croit, on apprend à se connaitre à vivre ensemble et c’est plein d’entrain que chacun d’entre nous s’applique à réaliser ses taches ! 

    Dans 6 semaines chrono je file… de l’autre côté de l’Atlantique d’où je te raconterai mes nouvelles aventures. Une fois la saison terminée dans les Alpes, je retourne aux Etats-Unis  qui seront la première étape d’un nouveau long voyage dans l’hémisphère Sud où j’ai des projets (Argentine, un petit retour en Nouvelle-Zélande, et puis l’Australie…) qui devraient me tenir sur la route jusqu’en 2020… 

    Reste connecté, abonne-toi et vraiment : merci de me lire et d’envoyer des petits mots qui font toujours chaud au coeur !

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  • Margaux, avril – mai 2018 : Avenue Saint Véran

    Margaux, avril – mai 2018 : Avenue Saint Véran

    Si tu suis les péripéties de la famille Vallet, alors dans ton carnet d’adresses tu as déjà raturé et corrigé notre adresse plus de 20 fois. En 30 ans de mariage, 24 déménagements… La vie parfaitement normale de gens tout à fait classiques en fait (blague) 

    Du coup tu penses bien que déménager, changer, faire et défaire sont des notions plutôt (très) familières chez nous. D’ailleurs, touts petits déjà on s’adaptait aux contextes, aux usages, aux personnes différentes… Ça nous faisait grandir. D’un coup. Souvent, mes parents, mon frère et moi avons eu cette discussion « peut-être que, si nous avions fait autrement… nous aurions pu… vous auriez eu… ». Moi, je n’ai jamais regretté cette vie de nomade des temps modernes : j’aime le changement, j’aime quand les choses bougent ; quand ça se bouscule et quand tout évolue tout le temps… c’est grâce à tout ça que l’imprévu ne me fait plus peur. 

    En cultivant mes souvenirs d’enfance au 4 coins de la France, j’ai réalisé qu’il existait un endroit sur cette planète que je connais mieux que tout autre : souviens-toi des pélicans imaginaires qui volaient au-dessus du toit, des histoires à rallonge que je vous racontais innocemment au bord du canapé beige, des coups de gueule… dans le bureau, de nos mesures marquées dans l’encadrement de la porte. De l’empreinte de nos mains sous les carreaux de la salle-de-bains, de l’odeur du sous-bois dans la pinède et la couleur du feu qui crépite dans l’immense cheminée… souviens-toi des éclats de rire en famille, des mille et une cachettes, du magnet-domino collé sur le frigo depuis 20 ans, des lézards sur la terrasse, de l’échiquier géant qui joue les cadrans solaires, des odyssées merveilleuses que l’on menait, mon frère et moi dans le jardin… Sans oublier les nuits étoilées prétextes imparables pour nous raconter l’Univers, les astres et les improbables vies au-delà de la nôtre. Mes invisibles souvenirs de petite fille sont dans les murs de cette maison ; ils marquent chaque recoin de la Sweety… et je suis seule à les voir. Quand je repense à mon enfance, c’est toujours ici que mon esprit revient se cacher, quelque part au milieu des pins et des chênes grandioses. Ici, pas besoin d’attendre la nuit pour rêver. 

    Petite, j’ai toujours idéalisé cette maison. La maison familiale, celle de mes grands-parents, de mon arrière grand-mère. Celle où il faisait bon vivre sous le soleil de Provence… Grande, je la vide. Je tire un trait. Un trait pour toujours ; j’apprends à comprendre que nous ne reviendrons plus. Plus jamais… ce définitif, je ne l’avais jamais vraiment pris en compte. Alors hier j’ai fait le tour. Je me suis allongée un grand moment sur le carrelage brûlant d’une des terrasses et j’ai pris le temps. Le temps de m’imprégner, de ressentir, de regarder. Et j’ai vu. J’ai vu les nuages onduler  au-dessus du toit… et j’ai entendu les branches des arbres craquer dans le vent. J’ai vu les oiseaux se poser, chanter et les écureuils courir dans la forêt. Puis, en me relevant, j’ai vu cet horizon qui m’appelle ! D’ici on voit à des kilomètres et, entre les barreaux en fer forgé vert de la rambarde, j’ai vu la lumière rasante d’un timide soleil de printemps se jeter sur la face Ouest du clocher du village… Encore un brin de couleur avant la nuit. 

    Plus tard, je suis sortie et les étoiles brillaient fort au-dessus de la maison. Bien sûr j’ai pensé à toi. Je me suis adossée au mur et j’ai eu peur. Peur d’oublier. Je réalise que c’est très bête de le présenter comme ça et, bien que je n’ai aucune envie de vivre dans le passé, je réalise doucement que bientôt tout sera fini ; j’y aurai contribué. C’est pas facile.  Même si je ne peux que mesurer le poids de ces murs et comprendre la charge d’une telle bâtisse… Je comprends… Mais c’est un déchirement de devoir se défaire de 4 générations de souvenirs. De constater que cet endroit, autrefois merveilleux, est aujourd’hui un fardeau. Un fardeau qu’aucune de nos épaules ne peut soutenir. 

    Ces 2 derniers mois de vide-maison quasiment ininterrompu ont été éprouvants. Émotionnellement. Physiquement. Quotidiennement. 

    Chaque jour, en plus des émotions qu’il faut dompter, il faut gérer des choses. Des choses bêtes, sans portée… qui te bouffent la vie : ranger le lave-vaisselle, faire à manger et les courses, nettoyer, anticiper, organiser… et vendre ou donner en souriant aux gens ! Ceux qui négocient nos souvenirs bradés… Ceux qui se doutent, et abusent… Ceux qui annulent sans prévenir… sans se douter des conséquences de leur inconséquence. Les gens, quoi ! Un quotidien sans filtre ni forme. Avec des grands hauts. Et des grands bas. Des doutes. Beaucoup. Du courage… tellement. Et, comme si ça ne suffisait pas, une vie chronométrée, millimétrée depuis des semaines… J’ai envie de fuir. J’ai envie de rester. J’ai envie de rire. Et de pleurer. Alors, à la première occasion, avec Cédric on redécouvre la région de naissance de notre grand-père. Entre les oliviers centenaires et les lavandes parfumées on s’offre une trêve de tout. Des rendez-vous administratifs, des cartons, du rangement, des gens, des obligations… et même de nous. Bonus, Laure, que je ne te présente plus, vit dans la région donc les moments suspendus, on se les offre en dégustant un thé. On les brûle autour d’une chicha. Toutes les occasions de se revoir sont un prétexte pour changer d’atmosphère… pour souffler un instant ; se ressourcer. Rien qu’un moment. Et puis, en dehors de nos virés sur Aix, Cédric et moi avons plaisir à parcourir la belle Provence et à imprimer NOS souvenirs : La Bastide, Saint-Michel, Mane, Oraison, Pierrevert… et aujourd’hui, à Forcalquier, en haut de la citadelle, la vierge dorée semblait nous observer. Haletants après l’effort d’un dénivelé très pavé, main dans la main, on a regardé s’envoler au-dessus de nos têtes, dans le vent chaud et l’air lourd d’une journée orageuse, nos tracas quotidiens. On est montés ; on a vu. Puis on est descendus et on a lu les mots d’amour qu’une vieille femme venait de coucher sur le papier, s’adressant aux cieux « protège mes enfants et petits enfants qui sont des êtres merveilleux » … Il semblerait que là-haut, l’horizon ait laissé place à un avenir dégagé.

    Dans 4 semaines, c’est moi qui donnerai le dernier coup de clé à la maison. Derrière la porte, un espace vidé. Complètement. De tout les épisodes de nos vies. Dans 4 semaines nous aurons tous fermé ce livre-là et chacun commencera une nouvelle vie. Même la Sweety. Boucler la boucle… reprendre la route avec pour seul bagage des souvenirs à trimbaler vers l’horizon. Dans 4 semaines j’enfilerai (à nouveau) mon uniforme pour une saison à Bourg Saint-Maurice (d’où je t’enverrai ma prochaine newsletter), je serai plus forte, plus riche, plus déterminée encore avec des projets plein la tête et des envies plein le coeur !! 

    Et puis, dès l’automne je reprends mes aventures là où je les ai laissées …dans l’hémisphère Sud.

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  • Margaux, février mars 2018 : Savoie ou quoi ?

    Margaux, février mars 2018 : Savoie ou quoi ?

    Ce matin c’est une vague d’émotion qui me transporte de la Provence à la Savoie. De la joie à la tristesse, je passe des rires aux larmes sur les 400 kilomètres qui me séparent de mon point de chute. Il parait qu’on parle d’ascenseur émotionnel.

    Le terme est plutôt juste puisque moins d’un mois après avoir envoyé ma candidature, passé un entretien et reçu un mail de confirmation d’embauche, j’embarquais pour une semaine de vacances au Maroc, une semaine d’aventure en Islande avant de renter en Provence dans le chaos le plus total pour les obsèques de mon grand père.Tu comprends que les sentiments se bousculent et qu’après la peine, la peur et l’appréhension c’est l’excitation de retrouver mes amis qui prend le dessus. Je quitte donc la belle Provence pour les terres abruptes de la Savoie dans un micmac d’émotions.

     Au fil des kilomètres le paysage se transforme.

    Je passe Valence, Grenoble puis m’engage sur la N90. Jusqu’au bout de la route ; jusqu’à Bourg Saint Maurice qui est enfin en vue. Je traverse la ville ; je tourne à droite. Je gare la voiture et c’est avec un sourire difficile à cacher que j’entre dans la réception pour tomber dans les bras de Laure que je n’ai pas vue depuis 5 mois. Laure, tu remets ? Septembre dernier, Quebec, Canopée Lit… Mais si, tu te souviens forcément : l’atmosphère du Saguenay… cet endroit fabuleux. Les nuits fraîches, étoilées ; les lumières de Tadoussac ; les mouches qui piquent ; la musique trop forte et la bière chaude. Je t’ai forcément parlé de la forêt boréale. Omniprésente, Envahissante. Je t’ai raconté le réconfort des soirées ensemble, les rires partagés, les regards échangés. Tu remets maintenant ? Si tu ne te rappelles pas de mes récits, moi, je me souviens encore du goût des larmes salées qui coulaient sur mon visage au moment où il a fallu se dire au revoir. Au moment où il a fallu mettre un point final tout en se promettant de se retrouver un jour.

    Et bien c’est ici et maintenant qu’on se retrouve. Laure d’abord. Karen et Romain ensuite. Sandra pour finir. Tous, devant une fondue (qui remplace la poutine québécoise) on est là… à plus 5 000 kilomètres de notre point de rencontre initial. Improbable je te l’accorde. Mais on se l’était promis … 

    Tu t’en doutes, très vite on se raconte nos vies, nos retours, nos arrivées et nos départs… On retrouve la complicité laissée au Quebec. On se retrouve. En toute simplicité. On s’offre du temps et des souvenirs : 700m de descente en luge, les promenades des chiens, les commérages du coin, les repas au soleil, le façonnage, sur les hauteurs de la ville, d’un bonhomme de neige féminin et breton. La découverte des produits locaux, l’aventure en Suisse, les péripéties avec notre colocataire bulgare, les histoires, les films, la musique et les livres échangés. La pyrogravure, la mort absolue et brutale du blinder, la fondue qui prend pas, le brookie de la joie, le diplodocus de Légo, l’insatiable faim de Flip … j’en passe surement, j’en oublie forcément mais les souvenirs s’accumulent ! 

     Je pose mes valises juste un mois ; j’apprends à découvrir une nouvelle région et une culture aussi atypique qu’intéressante. Car très vite tu apprends – sans cliché – qu’un Savoyard, il aime ses skis plus que la charcuterie, moins que sa belle-mère, mais pas autant que le fromage. Il vit dans un chalet à la montagne et sur sa voiture il affiche l’auto-collant « in tartiflette we trust ». Lui seul sait que le Gruyère a des trous plus petit que l’Emmental et que l’Abondance n’a rien de comparable au Beaufort. Il n’a pas besoin de frigo puisqu’il a de la neige. Il n’a pas besoin de chauffage puisqu’il a du génépi.

    Un vrai Savoyard poivre son assiette avant de manger une raclette. Il boit de la bière de pain d’épices et de l’alcool de sapin, si possible fait maison, éventuellement à partir d’une recette familiale.

    Il aime les pâtes roses… à la Myrtilles, beige… aux noix ou marrons… aux champignons quand il ne les mange pas carrées, au sarrasin -Crozets- et couvertes de Reblochon (et si tu as prononcé rOblochon, tu es invité à sortir de la pièce et à courir vite et loin !!).

    Le Savoyard aime les noix… il aime retrouver son goût partout… dans les yaourts, les confitures et même dans les savons. En revanche il n’aime personne. En commençant par les Haut-Savoyards ! Mais, à bien y réfléchir, il aime encore moins ses voisins, ceux de la vallée d’en face (d’ailleurs, peu importe dans quelle vallée tu te trouves, les gens d’en face, tu les aimes pas. Par principe). C’est pas moi qui ai dit « mieux vaut avoir une taupe dans son jardin qu’un Mauriennais comme voisin » (Mauriennais, habitant de Maurienne, vallée voisine .. je te fais pas un dessin, tu as compris).

    Un Savoyard a cette chance d’habiter à deux pas de l’Italie et de la Suisse, entre lacs et montagnes ; il est aussi rustre que touchant et il a réussi à conquérir le monde entier avec une idée de génie : fusionner des patates chaudes et du fromage coulant. C’est le Roi de l’affinage, le dieu de l’AOC, une sorte de génie des temps modernes. Et tout comme les mangeurs de Galettes (Bretagne), de Bouillabaisse (Provence), de Garbure (Occitanie) ou de Poutine (Québec), il plane au-dessus des terres de la Savoie, (mangeurs de Farcement), des rêves d’Indépendance et d’Autonomie.

    La légende dirait même qu’il circule dans les villages encaissés, de faux permis Savoisiens  -Ces gars sont prêts à tout – et ils seront (peut-être) un jour aussi libres que leur drapeau qui virevolte fièrement dans l’air pur et frais de leur belles montagnes. Alors, Savoie ou quoi ? 

     Bref, moi j’ai posé mes valises en Savoie pour un travail je te rappelle.

    3 jours après mon arrivée dans la vallée de la Tarentaise on me remettait uniforme, badge et clés histoire d’être fin prête à accomplir ma tache quotidienne : nettoyer ! Et je ne te cache pas qu’il a fallu inspirer profondément au moment de mettre les gants, de remplir les sceaux de détergent pour astiquer (2 fois par jour) les 35 lavabos, 11 wc, 9 douches ainsi que les sols, parois, vitres et rigoles … aaaah les rigoles !!!

    Mais l’expérience s’est avérée bénéfique et riche d’enseignements… sur l’humanité. Sur ces touristes qui ont des yeux qui ne voient pas et des oreilles qui n’entendent pas… ou plus. Pour toute cette tranche de la population, on dirait que payer une caution ou louer un emplacement donne des droits (inacceptables et injustifiés)

    « Bien oui mais avec Germaine ça fait 35 ans qu’on vient ici… et c’était mieux avant ». Et donc M’sieur, tu me dis ça parce que ?… tu veux un pin’s ? Une médaille ? Non parce que, vraiment, il n’y a rien de glorieux à parcourir, chaque hiver de chaque année, des centaines de kilomètres pour se garer au même emplacement, du même camping, de la même ville… depuis 35 ans. Vraiment. La Gloire est ailleurs…

    Mais pas de panique ! La fin des vacances approche ; on va déposer un petit mouchoir sur toutes ces déconvenues ; on va continuer à embaumer l’air d’un parfum de pin chimique histoire de taquiner les narines de nos chers clients (qui, entre nous, n’ont pas toujours raison).

    Et malgré les horaires matinaux, les journées à nettoyer, les clients difficiles et les envies d’ailleurs, rien n’a été plus plaisant que de participer à cette aventure en ayant la satisfaction d’apporter « ma » pierre à l’édifice. Imagine… toutes ces histoires qui nous ont fait pleurer, hier et aujourd’hui, ce sont les mêmes qui nous feront rire demain. 

     Ce mois Savoyard a été marqué de convivialité. On s’est retrouvés. On s’est rencontrés. On a partagé un quotidien hors du commun et au jour 30 de cette aventure arrive le temps de repartir. Ma besace s’alourdit encore des souvenirs uniques de nos échanges, des moments partagés, d’amitiés fidèles, de retrouvailles conviviales, de rencontres fabuleuses, de la découverte d’une région belle et atypique

    En attendant, au volant de ma petite Fiat, je quitte la Vallée un contrat en main (car je reviens deux mois cet été), un sourire au lèvre et une larme dans l’oeil de vous quitter, vous qui avez ensoleillé cet hiver encore plus fort que le Soleil de Provence. On se retrouve dans quelques semaines… avant que je ne reparte en Septembre…

    D’ici là, je vais mettre ma vie d’aventures entre parenthèses, juste un temps, histoire de travailler en Béarn, en Provence, en Savoie et d’économiser pour un nouveau voyage sur notre belle Terre.

    D’ici au plaisir de t’écouter me raconter tes propres aventures, de lire tes messages ou d’entendre ta douce voix, je te souhaite tout le bonheur du monde en ce début de printemps.

     Adishatz mon ami(e)

     

     

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  • Margaux janvier 2018, à mon grand père qui rêvait d’être pilote d’avion …

    Margaux janvier 2018, à mon grand père qui rêvait d’être pilote d’avion …

    Aujourd’hui il vole au dessus du ciel et il tutoie les étoiles qu’il aimait tant contempler. Je dédie cette newsletter à papy Marcel. Mon grand père chéri qui a inspiré son dernier souffle de vie jeudi dernier dans le doux cocon de son logement provençal près de sa femme, qu’il aimait tant.

    Agadir 10-17 janvier 

    Je marche pieds nus sur le sable de la plage d’Agadir. Le soleil est brûlant aujourd’hui. Aussi brûlant que ce qu’un hiver marocain puisse offrir .. le thermostat affiche plus de 20°C .. Quand je pense qu’il y a 72 heures je tremblais sous les -25° degrés québécois (ressenti officiel -39°C… à cause du vent)
    Le ciel bleu est filtré par des teintes beiges. Un ciel de désert, typique du souvenir d’enfant de ma petite mère avec qui je partage ici 7 jours de repos, de douceurs, de miel et d’amandes.

    Je marche pieds nus sur le sable et mes pas m’amènent vers l’eau. Vers les eaux. Celles de l’Atlantique. Le courant est fort et les vagues salées ne cessent d’aller et venir sur le sable fin et compact de la plage. Les plus audacieux ont enfilé une combinaison, attrapé leur planche et courent affronter le remous. Les plus farouches se contentent de contempler la scène, de marcher le long du rivage… où ils s’octroient une trêve bercés par le vent et les vagues.

    Je marche pieds nus et des histoires d’enfance me reviennent. Les odeurs d’une cuisine délicieusement orientale … Papy préparant le thé à la menthe ; ma grand mère et sa mère prenant à pleines poignées la semoule brûlante sortant d’une première cuisson à la vapeur pour enrober chaque grain d’huile d’olive. Chacun à son tour, ou dans une improbable cacophonie toute méridionale, racontait une version de son quotidien aventureux au Moyen-Orient. On me racontait l’infini désert, les miraculeuses oasis, vertes et fraîches… et les palais magnifiques richement décorés de marbres, de dorures et de cristal. On me peignait, en quelques mots, la couleur des couchers du soleil, l’odeur des épices et la saveur de mets qui régalaient nos repas familiaux.

    Je marche… et je pense. Me voilà à l’aurore de mes 25 ans et pour la toute première fois je me trouve sur le continent de naissance de ma grand-mère, de sa mère et de sa mère avant elles. Des générations de vies. Des générations d’histoires. D’histoires et de souvenirs qui me sont forcément familières. Chez moi ça sentait comme ici. Du Raz El Hanout au Paprika. De la coriandre à la menthe. Ça sentait l’Orient à pleine bouffée. Ça sentait la chaleur ; ça sentait le vent. Le désert et l’océan. … C’est simple dans le fond : ça sentait le bonheur !

    Maman et moi avons trouvé ici l’appétit oublié et rattrapé le temps perdu. 7 jours pour se retrouver et profiter de l’autre à la frontière du désert majestueux et de l’infini océan. Une semaine loin de tout mais près de toi et Dieu que le temps fut doux à tes côtés maman.

    Sans transition aucune après cette semaine de douceurs orientales, il fut temps de quitter Agadir, et c’est un taxi très couleur-local qui nous conduisit vers l’aéroport Al-Massira nous offrant, du même coup, une dernière suée par sa conduite très… intuitive. Il suffit de trois heures pour passer de l’explosion de couleurs du Maghreb aux multiplies nuances de gris de la région parisienne. Mais Paris ne sera qu’une étape.

    Maman me quitte là, elle rentre dans le Sud ; moi, c’est mon frère Cédric que je retrouve à la capitale.
    Orly bus bondé, Métro Denfert Rochereau surchargé puis le RER B vers Paris CDG. Nous quittons l’hexagone destination Londres. Dans l’aéroport de Gatwick nous trouverons une fontaine pour nous hydrater, une banquette pour nous reposer une courte nuit sous les néons et les écrans des départs/arrivés. 03h30 : fin de la nuit.

    Nous passons sécurité et douane. Il nous reste 1 vol. Un cap.

    Islande 18-25 janvier 

    Tu commences à me connaitre maintenant. Nous partons mais nous n’avons rien prévu. Prévoir c’est planifier. Planifier c’est tricher. Nous n’avons pas de d’idées préconçues en tête, par contre on sait déjà que nous fuirons les lieux touristiques. Seul notre instinct nous guidera le long de la route 1. Si ça nous plait à gauche, c’est là qu’on ira, sinon on continuera tout droit sur la Route d’Or. Les kilomètres défilerons sous nos yeux et seules les routes fermées ou trop enneigées seront un obstacle.

    Depuis le hublot de notre avion c’est un paysage lunaire qui défile sous nos yeux. Du blanc. Du blanc. Puis une route, noire. Un pays en monochrome en somme -Il semblerait qu’ici les couleurs n’apparaissent que dans les cieux-
    9h36 : notre avion se pose sur le tarmac de l’aéroport de Keflavik. Il fait nuit noire. L’air est glacé. Nous découvrons la petite citadine aux pneus cloutés que nous venons de louer pour une semaine. Cédric enchaîne sa deuxième journée sans sommeil. Nous avons les yeux marqués, les traits tirés et des envies de découvertes et d’aventures qui tiraillent nos entrailles et nous prennent là… au fond du bide. Partir. Partir. Partir et découvrir. La neige est fraîche sur les bas-côtés. La route est parfaitement praticable. Le temps est fabuleusement beau.
    Nous sommes prêts. Direction plein Nord. On récupère quelques victuailles locales sur la route, quelques brochures et un plan de la ville, puis du pays par région. L’itinéraire n’est pas encore très clair ; il se dessine au fur et à mesure. De quoi d’autre avons-nous besoin au final ? Rien de plus que nos pieds pour nous porter et notre mémoire pour se souvenir de ce que nos yeux observeront.

    Demain nous passerons un moment à Reykjavik, la capitale la plus au Nord du monde -T’imagines il y a un an et demi j’étais aux antipodes, à Wellington, la capitale la plus au sud du monde- Reykjavik héberge 60% de la population islandaise, c’est LA grande ville du pays. Avec ses maisons colorés, ses immeubles au pied de l’Océan et les montagnes de l’Esja en fond, c’est une carte postale grandeur nature… une surprenante étape sur notre trajet. Très vite nous traçons sur la route 1 que nous ne quitterons presque plus jusqu’à Akureyri, à environ 400 kilomètres de l’endroit où nous nous sommes réveillés ce matin.

    Le jour suivant, nous passons le 66è parallèle Nord. Oui, là-haut, tout en haut de la carte. Cédric et moi regardons l’horizon… Au loin, c’est le cercle arctique. Quasiment à portée de main. Mais pour l’atteindre, ou presque, il faudra affronter -23°C , le vent, la neige, le verglas et les congères sur la route. Sois en certain, rien ne pourra nous dérouter de notre objectif : aujourd’hui, c’est écrit, nous longerons l’Eyjafjörður, le plus long fjord islandais avec comme unique cap Siglofjörður à moins d’un quart de degré du Cercle Polaire. Le ciel est bas. Le ciel est blanc. La route est longue. Elle est blanche, elle est glacée. l’Eyjafjörður est majestueux autant par la force de ses vagues que par son courant et ses couleurs d’un bleu-gris profond. Quelle merveilleuse journée.

    1 semaine, 1 800 kilomètres. 7 jours, 7 facettes… Cette semaine fut aussi douce qu’une poésie.

    Nous quittons les terres de glace. Nous quittons le dépaysement blanc. 3 heures d’avion jusqu’à Gatwick, 2 de plus pour rallier Toulouse. Le retour est interminable. Il y a 6 mois c’est ici que nous nous étions quittés alors que je partais pour le Canada. Aujourd’hui j’y retrouve ma mère que j’ai quittée il y a une semaine et mon père que je n’ai pas revu depuis 6 mois… Encore 1h30 sur  l’A64 jusqu’à Pau et nous pourrons nous poser. Quelques jours. Bientôt, un nouvel environnement et de nouvelles aventures qui m’attendent en plein coeur des Alpes.

     

     

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    Kilomètres parcourus depuis septembre 2017 : 36.825 kms

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  • Margaux décembre 2017,  Colorful Colorado

    Margaux décembre 2017, Colorful Colorado

    Quand j’y pense !! J’étais en Ontario pour mes 22 ans, en Saskatchewan pour mes 23 ans, en Nouvelle-Zélande pour mes 24 ans, je viens juste de fêter mes 25 ans en plein coeur du Colorado… et dans 30 jours (et quatre pays) je serai de retour en France.

    Je suis impatiente. Impatiente de m’engager dans l’hiver, de trouver la neige et le froid avant de retrouver la chaleur de mes proches et amis, déjà (rentrés) au pays. Impatiente de reprendre la route aussi, pour une nouvelle année prometteuse, avec d’autres aventures sous le signe des projets qui se concrétisent au fur et à mesure.

    En attendant 2018, ce Noël dans le Colorado, coloré, gigantesque, magnifique nous l’avons passé, Shirley, Danny et moi en déjeunant à l’extérieur presque tous les jours. Nous n’avons manqué aucune occasion de prendre la route à l’assaut d’incroyables chemins de poussière dont Danny connait la secrète existence. C’est que le Colorado, c’est un peu comme notre belle Ariège : une histoire de secrets bien gardés… de confidences… de confiance… de passion. Il faut rêver plus grand que les sites touristiques… oser s’évader et s’aventurer sur les chemins escarpés et écouter les histoires des hommes.

    Je ne me lasse pas de l’évidente et omniprésente beauté du Colorado. Elle, qui est faite d’animaux sauvages qui croisent ta route… l’air de rien. De paysages qui mettent tant d’évidences en perspective… et m’éblouissent. De couleurs, qui passent du rouge à l’ocre… du gris au vert… du vert au bleu. Du ciel qui se joue des étoiles, de la lune et des nuages… Et de la passion de Danny pour chaque acre carré et mètre caché de « son » pays. J’ai la chance que cet enfant du pays me montre ces lieux confidentiels… je me laisse guider de vallée en secret vers des lieux toujours plus exceptionnels. Quel joli cadeau ! Quelle chance ! Quel incroyable Noël ! 

    Les voisins ont paré leur maison de lumières et de figures gonflables. Noël est encore au pas de la porte. Il y a quelques jours Shirley, Danny et moi sommes allés chercher « notre » sapin en forêt. On a marché, un long moment et choisi LE sapin parfait que nous avons coupé et ramené à la maison (avec une licence évidemment). Il porte fièrement les décorations de saison dans la chaleur du salon où nous célèbrerons, travail oblige, un Noël retardé au 27.

    A toi cher lecteur, je souhaite une belle année 2018. Une année remplie de joie, de rêves et de réussite. Voyage autant que tu peux… rencontre les gens… écoute leurs histoires et partage les tiennes… les liens entre humains, c’est vraiment précieux ! Enfin, merci de me lire, de voyager avec moi et de tes encourageants messages qui me parviennent jusqu’à l’autre bout de la planète. Merci aussi d’avoir acheté mes livres ; c’est un soutien financier précieux et une récompense pour mon travail de photographe. Merci. 

    Adishatz ami ariégeois.

    Bonne Année et au plaisir de te retrouver le mois prochain et de te raconter la suite de mon marathon-aventurier.

     

     

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    Kilomètres parcourus depuis septembre 2017 : 14.891 kms

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  • Margaux novembre 2017 – Lettre ouverte, Colorful Colorado

    Margaux novembre 2017 – Lettre ouverte, Colorful Colorado

    Voilà 4 semaines que j’ai intégré le quotidien de Shirley et Danny. Je suis accueillie dans leur foyer comme si j’y vivais depuis toujours. Ma chambre est prête … je n’ai plus qu’à installer mes affaires sur les étagères, histoire de rendre le lieu encore plus familier qu’il ne l’est déjà. 

    Perchée à 1700m d’altitude, le temps est sec et j’ai du mal à imaginer que l’hiver arrive. Et pourtant, tout le monde parle de la saison rude et de l’épais manteau neigeux … Moi, je n’attends que ça. Le désert recouvert de neige et de glace… T’imagines ? Moi pas du tout. 

    Mais avant, on profite de ce que ce pays a à offrir. Dès que l’agenda le permet, on prend le large. En solo ; en duo ; en trio. On sort de notre comté partons à la découverte de nouveaux canyons, à l’assaut de nouvelles routes, vers de nouveaux horizons… Après les virées en pick-up à la recherche du cerf parfait et maintenant que la chasse est terminée et on se concentre sur de nouveaux projets. Et ce n’est pas ce qu’il manque ! Je participe à la construction de murets en pierres et j’ai appris à faire du mortier ; j’enchaine avec la préparation de confitures maison, et bientôt nous entamons la construction d’un abri de jardin avant de retourner à la cuisine où, avec Shirley, je confectionne des mets de toutes sortes … La polyvalence est de mise et c’est génial. J’ai repris un quotidien intégralement en anglais ; c’est du 24/7, ce n’était pas arrivé depuis la Nouvelle Zélande et c’est plutôt fluide. C’est agréable de comprendre et se faire comprendre sans trop de difficulté. 

    Je ne regrette pas d’être revenue. La lumière est toujours aussi belle ici et cet endroit a su trouver une place toute particulière dans mon coeur. Chaque instant contient sa dose de merveilles et il ne tient qu’à nous de le rendre unique. Tu sais comme un rien m’émerveille…  Ici je suis comblée ! 

    Des instants uniques en leur genre, j’en expérimente tous les jours , mais récemment il s’en est passé un qui m’a touchée un peu plus du coup alors je le partage avec toi. 
    Tout a été organisé dans l’église de la petite ville de Naturita à un peu moins de 5 miles de Nucla.  Le mot d’ordre était clair : Chacun était invité à faire quelque chose à vendre aux enchères, pour un dénommé Gaylord. Je n’en savais pas plus. Shirley et moi nous sommes prêtées au jeu. Evidemment. 
    19 heures pétantes, on débarque à l’église avec une belle tarte au citron dans les mains. Je ne m’attendais à rien de spécial. En arrivant, j’ai immédiatement compris …  Gaylord a une maladie. Une maladie qui le tue a petit feu. Il est condamné. Le traitement existe, mais il n’a pas l’argent pour le suivre. Du coup, la communauté de Naturita et des environs s’est réunie et a organisé une vente aux enchères pour offrir les fonds au membre de sa communauté dans le besoin. 
    Dans l’église, les bancs avaient été poussés et à la place on y a installé des tables et des chaises. La nef était pleine à craquer et chacun s’est fait un devoir d’acheter les tartes à 90$ ou des assiettes de cookies à 120$ afin d’assurer plusieurs mois de traitement à leur ami. Lui offrir quelques bouffées d’air en plus dans notre monde. 
    J’ai été émue. Touchée en plein coeur par tant de bienveillance. 20h30 tout était vendu. et des centaines de dollars ont été récoltés. Jamais les mots fraternité, communauté et générosité n’avait fait autant de sens. 

    La vie continue à Nucla. Une semaine sur deux, Danny consacre 12 heures de sa nuit à assurer la maintenance de l’usine de dessalement des eaux à quelques minutes de la maison. Un travail qui “n’est ni bien, ni mal” comme il dit mais “c’est un travail !”. Il quitte la maison à 18h et ne rentre qu’aux petites heures du matin. Quand nous commençons notre journée, lui termine la sienne … ce qui requiert toute une organisation… dont Shirley a le secret ! Tu devrais nous voir chuchoter pour se demander le sel ou marcher sur la pointe des pieds pour ne pas faire grincer le plancher .. C’est un sketch ! Sinon, Thanksgiving est dans quelques semaines et je suis déjà prête pour re-découvrir l’esprit pionnier de cet fête si importante ici.

    De mon côté, entre les constructions de murets ou en attendant que les casseroles chauffent en cuisine, j’ai réussi à trouver le temps nécessaire pour finaliser et mettre un point final au Projet52-2016-2017. J’ai des papillons dans le ventre et je te laisse imaginer mon émotion car aujourd’hui je te présente Aotearoa mon deuxième livre photo auto-édité dans lequel je t’invite à découvrir, en 24 heures, ma dernière année sur l’archipel néo-zélandais. J’ai traversé le pays du Nord au Sud et d’Est en Ouest pour te ramener 52 clichés, 26 en couleurs, 26 en noir et blanc.

    Tu sais comme mon année en Nouvelle Zélande a été un challenge au quotidien. J’ai été émerveillée par la beauté de ce pays, la gentillesse de ses habitants et les milles merveilles rencontrées sur la Route .. Alors j’espère que ce livre te touchera comme je l’ai été. 
    Je te retrouve dans quelques semaines avec de nouvelles histoires à te raconter. Que tu sois dans nos belles Pyrénées ariégeoises, là où la neige est déjà tombée … ailleurs en France … ou à l’étranger, j’espère que tu te portes bien et que la fin de l’année se présente sous de beaux auspices. 
     
    Adischatz

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    Kilomètres parcourus depuis septembre 2017 : 13.749 kms

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  • Margaux septembre-octobre 2017, retrouvailles…

    Margaux septembre-octobre 2017, retrouvailles…

    Bonjour l’Ariège !! !!! Non … j’ai rien écrit le mois dernier. Oui … j’ai honte mais j’ai repris la route …  à peine 30 jours après être rentrée de Nouvelle-Zélande et tout s’est passé très vite. Comme toujours. 

    Pour la énième fois depuis trois ans, je me retrouve ceinturée à un siège à bord d’un Boeing ou d’un Airbus pour traverser l’Atlantique à 12 000 pieds au-dessus des vagues ! C’est loin d’être devenu banal …  c’est toujours aussi exaltant de RE-partir car si la destination m’est connue, l’aventure elle, sera forcément différente. 
    Environ 8 heures après avoir décollé de Toulouse, je débarque à Montréal.  Mais ce n’est qu’une escale. Ma destination finale est à plus de 500 kilomètres de là. Le voyage ne fait que commencer. 

    Je quitte la capitale francophone Canadienne sous une pluie d’automne ; Aux portes du Saguenay, le ciel est merveilleusement bleu. Cela fait plus de 4 heures mon bus longe les berges sombres du Saint Laurent … j’observe ses eaux profondes et suis transportée dans mes souvenirs. Il y a 2 ans, en 2015, je faisais ce même voyage pour la toute première fois. Aujourd’hui … tout est différent. Tout est pareil. Je suis impatiente de retrouver les gens qui avaient tellement marqué mon aventure d’alors. Ce premier PVT qui m’avait permis d’obtenir un emploi au Canada, chez Canopée Lit. C’est comme un « retour aux sources » … J’ai des papillons dans le ventre. Je vais retrouver Juliette, mon acolyte de la Dream Team 2015 dans quelques minutes … Evidemment, on se prend dans les bras comme si on s’était quittées la veille et on retrouve nos marques d’aventurières en moins de deux. A bord de sa Ford Escape, on reprend la conversation là où elle s’était terminée … 

    En moins de 10 minutes la voiture est déjà aux portes de la forêt de Jérémie et Claire … Oui ! J’ai du mal à cacher ma joie de revenir. Entre retrouvailles et nouvelles rencontres j’ai hâte d’avoir le coeur chamboulé.

    Ceci étant dit, il faut entrer dans la danse. Tout de suite. Wwoofer c’est pas que des vacances et il y a ici un business a faire tourner. Le quotidien c’est des arrivés et les départs. Et les touristes qui viennent découvrir les hébergements insolites de Canopée Lit, y’en a plein !

    L’équipe ? Elle est juste géniale. Très vite une complicité née et des liens se forment. Vite. Fort. C’est ça l’esprit du voyage. Ca nous autorise à prendre une trêve pour aller à la rencontre des autres. Pour s’ouvrir ; pour découvrir. Très vite, en un seul regard, en un seul sourire on comprend que l’autre nous invite au partage et à la discussion. On s’enrichit de nos différences … on s’étonne de nos ressemblances … On est vivants. Qu’est-ce que c’est bon ! Je suis convaincue que les plus belles rencontres sont inattendues ; improvisées…

    Cette année encore, j’ai rencontré des jeunes qui partent. Qui osent. Qui tentent de donner du sens. Comme moi … seul-e, en couple, entre amis, ils s’aventurent vers d’autres horizons avant de se poser pour de vrai. 

    7 semaines intenses. On pleure, on rit, on donne le meilleur de nous-mêmes, on expérimente d’autres façons de faire, on tisse des liens, on teste des concepts à la marge, on peaufine nos compétences, on apprend forcément des quantités de choses qui serviront … peut-être un jour et, jusqu’à l’heure H du jour J on est « tissés serrés » … une bande de potes du bout du monde. 

    Evidemment, au moment de mettre un point final, le coeur se serre. On se regarde … on s’enlace une dernière fois. Peut être même la dernière fois. On finit par pleurer, de la chance de s’être rencontrés, de la tristesse de se quitter. L’émotion est là. Tous, on a vécu quelque chose de beau, de fort et de sincère. Je quitte le fjord du Saguenay comme je l’ai rallié : à bord de la Ford Escape de Juliette. Puis d’un bus … avec un petit supplément : des larmes plein les yeux. 

    Le bus est plein. La route semble bien plus longue. Québec n’a jamais été aussi loin de Tadoussac. 

    Demain, je passe la frontière américaine par New York. Je ferai une escale à Las Vegas et, après 9 heures d’avion, 6 heures d’attente et 11 heures de bus je retrouverai Danny à Grand Junction. A la maison de Nucla, Shirley m’attend et Kirby le chien me fait la fête. Ah magnifique Colorado … j’arrive épuisée par la fatigue, les retards, le froid, le chaud… et j’avoue, le coeur encore lourd de souvenirs canadiens … Je me pose lentement.

    Ca fait déjà une semaine que j’ai posé mes valises à Nucla, Colorado. Cette petite ville de 700 âmes posée sur un plateau perché à 1 700 mètres d’altitude et encerclée de  montagnes majestueuses. Les journées sont remplies pour mes hôtes (et donc pour moi) Je suis allée à la chasse avec Danny ! Je cuisine avec Shirley. On a des tas projets et je vais m’efforcer de les aider au mieux. 

    Je te quitte au pied des canyons rouges et arides du Colorado là où chaque pas n’est que poussière … Je reviens bientôt. For sure !

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    Kilomètres parcourus depuis septembre 2017 : 13.129 kms
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    134.963 kilomètres parcourus depuis le 30 octobre 2014

  • Margaux août 2017, je me souviens…

    Margaux août 2017, je me souviens…

    Je te quittais le mois dernier à Christchurch un jour de pluie. Un autre. Je suis à moins de 7 jours de mon départ de Nouvelle Zélande. Je n’arrive pas à y croire. Je n’ai rien envie de prévoir jusqu’à Auckland. On verra où le vent me mène.

    Au diable les attractions touristiques onéreuses et dénuées de sens. Je veux m’imprégner des paysages, ressentir les choses qui m’entourent, rencontrer des locaux une dernière fois et profiter du temps qui passe avant qu’il ne m’échappe. Je ne reserve rien d’autre qu’une liaison entre Christchurch et Picton. Là bas, Kerstin, une néo-zélandaise a accepté de m’héberger une nuit, gratuitement, sur son canapé.

    C’est en fait une très confortable chambre qu’elle mettra à ma disposition. Je t’ai déjà parlé de l’hospitalité Kiwi ? On ne se connait pas et pourtant, on croirait que c’était écrit … qu’il fallait que l’on se rencontre. Kerstin est un personnage atypique : mère de 3 enfants, elle vit à l’année sur un bateau dans les eaux claire des baies de Nouvelle-Zélande. Elle instruit ses enfants en famille et vit de la chasse de Possums (nuisibles sur les îles). Il n’est pas question de traversée, “Nous avons le mal de mer” m’avoue-t-elle. Son histoire m’intrigue et je sens qu’elle est heureuse de la partager. Comment ne pas partager son enthousiasme lorsqu’elle raconte : « Il y a quelque chose d’assez magique de voir, au saut du lit, dauphins, orques et baleine en tout genre .. Ce qui est fabuleux c’est lorsque qu’on n’à qu’à tendre le bras pour les caresser. » Quelle rencontre. J’ai envie de rester mais mon ferry part dans quelques minutes seulement. Une dernière accolade et c’est déjà l’heure de partir.

    Le pont supérieur et balayé par un vent glacial ; je fais mes aux-revoir à l’île Sud. Ses interminables lacs, sa haute chaine de montagnes et ses pâtures à perte de vue me manquent déjà. Quant aux gens que j’ai rencontrés ? Leurs rires résonnent toujours dans ma tête. Comment les oublier ? Je passe la nuit dans un bus qui rallie Auckland depuis la capitale en une douzaine d’heures. J’ai le dos en compote et les yeux cernés. On vient de faire 650 kilomètres mais ça ne m’empêchera pas d’en faire 200 de plus, à la rencontre des Kauri, ces arbres géants et multi-millénaires qui sont à l’abri dans les forêts denses et tropicales du Northland. J’essaie de m’imprégner du lieu, de sa magie et de son énergie. Les Kauri, en vrai, ça met une claque.

    C’est déjà la veille du départ. Le temps est frais. Froid même. J’ai enfilé mon manteau, mis mon bonnet et je suis en route pour l’aéroport. Mon esprit est encore ici. Je repasse le film de cette année incroyable … De mon bouleversement lorsque je découvrais de nouveaux paysages à mon émotion face à la gentillesse des gens rencontrés.

    L’avion décolle, c’est LE grand départ pour un séjour éclair en France. 63 heures et 2 correspondances plus tard je pose enfin le pied à la maison. Et, si je reconnais le mobilier je ne connais pas les lieux. Mes parents ont tracé leur route et se sont installés quelques vallées plus loin … dans le Béarn … et c’est depuis Pau que j’écris cette newsletter. Ils ont l’air heureux et ça me réjouit. Je suis en France quelques semaines à peine, les journées sont bien remplies et après les visites chez les uns et les autres, il est déjà presque temps de repartir.

    C’était le deal. Je suis prête. Je me souviens … Et c’est là-bas, où les journées sont douces, où les amitiés durent et où on dort dans des cabanes et des bulles perchées en forêt que je vais poser mes valises dans moins d’une semaine. Tu te souviens ?

    On se retrouve à Sacré Coeur, Quebec, Canada !

    Adischatz.

    margauxvallet.wixsite.com/goingwest

    Kilomètres parcourus depuis le 25 août 2016 : 65.996 kms
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    6.395 en bus
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    17.735 en voiture
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  • Margaux Juillet 2017, Otautahi 

    Margaux Juillet 2017, Otautahi 

    Une page se tourne au Waterfront Motels. Après 82 jours de services, ce 18 juillet 2017 à 15h30 arrive l’heure H du jour J : il est temps de lâcher le clavier, de déposer les clés et le téléphone, je quitte mon habit de réceptionniste et reprends la route. Plein Ouest.

    Je quitte Akaroa avec un petit goût d’amertume et le sentiment de ne pas avoir vécu l’expérience que je m’étais imaginée. Une sorte de rendez-vous manqué. Ça fait partie de l’aventure et malgré tout, 10 semaines plus tard, ma besace à souvenirs s’est alourdie de moments partagés, de rires et de belles images … Tu te rends compte ? J’ai vu en vrai les dauphins les plus petits et les plus rares de la planète ? 

    Avant de partir je griffonne quelques mots sur un bout de papier que je laisse sur la table de la cuisine. Mes colocataires les liront. Plus tard. Quand je serai partie … ça sera la dernière trace de mon passage ici. 

    À 16h, j’embarque dans l’unique bus qui fait la liaison entre Akaroa et Christchurch (la plus grande ville de l’île sud, juste un peu plus petite que Toulouse), mais surtout celle dans laquelle j’ai réservé les premières de mes dernières nuitées néo-zélandaises. Oui ! Je m’offre 2 semaines de tourisme pur et dur avant de partir. Partir ? Eh oui. Ca fait (déjà) un an que j’ai quitté l’Ariège … 

    Enfin pour l’instant, c’est à Christchurch que je pose mon sac. Et j’étais très impatiente de découvrir cette ville qui a été dévastée après une série de tremblements de terre en 2011. 

    6 ans plus tard, les ruines sont encore omniprésentes et les monticules de briques, de terre et de boue sont partout. Par endroits, la ville semble suspendue dans le temps, comme morte … pourtant, elle est tellement vivante. Avec sa cathédrale en carton, son mémorial aux 185 chaises blanches, le street art qui partout colore la vie, jusqu’au centre commercial façonné en conteneurs maritimes … il règne ici une ambiance vraiment très particulière. On dirait que chaque recoin de Christchurch cache un petit secret à découvrir : ses bâtiments en ruines qui se reflètent dans les façades de verre de bâtiments du centre touristiques qui sont juste sortis de terre … ça a quelque chose de glaçant ; l’entrain de ses habitants pour reconstruire leur ville … et ramener, en mieux peut-être, ce qu’une secousse a détruit … en quelques secondes seulement ! 

    Voilà. Cette boucle sera bientôt bouclée. Dans quelques jours je mets le cap plein Nord … à bord de quelques bus et d’un ferry je vais rallier Picton, puis Wellington, puis Auckland. J’ai 1 200 kilomètres à faire pour attraper l’avion d’American Airlines qui me ramènera à la maison. Les quelques 20 000 kilomètres qui me séparent de mon Sud-Ouest, il faudra quasiment 72 heures pour les faire. Quant à la France ? J’ai prévu d’y rester quelques semaines seulement. Quatre, cinq tout au plus parce que, c’est déjà tout prévu, début septembre je repars… plein Ouest.

    Mais ça, c’est une autre aventure …

    Kilomètres parcourus depuis le 25 août 2016 : 43.679 kms
    20.533 en avion
    5.186 en bus
    1.024 en train
    16.836 en voiture
    100 en bateau

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  • Margaux juin 2017, Banks Peninsula

    Margaux juin 2017, Banks Peninsula

    Voilà 53 jours que j’ai posé mon sac à Akaroa sur la Péninsule de Banks. Nous ne sommes qu’à 80 kilomètres de Christchurch, la plus proche ville digne de ce nom et pourtant les touristes affluent des quatre coins de la planète pour découvrir sur ce petit bout de terre que la France a presque failli coloniser en 1840.

    Il faut dire que le lieu satisfait bien des curiosités : les baguettes françaises à 5$ pièce mais aussi, ici, tu peux nager avec des dauphins ou vraiment rencontrer les manchots à oeil jaune, endémiques de l’île et considérés comme faisant partie des plus rares au monde. 

    Au motel, le quotidien est rythmé par les arrivées et les départs de ces fameux touristes qui viennent d’un peu partout. J’ai, depuis quelques semaines, pris mes quartiers à la réception. Bien que la quantité d’informations à traiter soit assez colossale, je commence à maîtriser les logiciels hôteliers et fais mon affaire de la paperasse et autres obligations administratives. Si à l’accueil on apprend la patience en répondant avec le même sourire et la même attention que nos clients soient franchement antipathiques ou plutôt très sympathiques, au ménage on se construit une carapace ! Tu n’imagines même pas ce qu’il faut de courage, de volonté et d’abnégation pour passer après « les touristes » ! Et je te parle en connaissance de cause car, même ici, au bout de la route du bout du monde, il n’y a pas un jour qui n’amène pas son lot de découvertes et dernièrement on a eu le droit  à un milliard de confettis sur la moquette, c’est consternant … mais bon, quand dans la même semaine tu as les ballons gonflables qui tapissent la chambre, les casseroles cramées qu’il faut bien récupérer et le vomi de bébé dans les serviettes de bain … là, tu commences à rire jaune ! « Merci les gens !! Passez de belles vacances … »

    Sacré métier l’hôtellerie … Remettre en place ce qui a été déplacé. Ranger ce qui a été dérangé. Nettoyer pour pouvoir salir de nouveau. Défaire et tout refaire. Ca a quelque chose de désuet et d’accablant. En tout cas pour cette deuxième expérience au sein d’un établissement hôtelier, en vivant en 24/7 dans l’envers du décor des vacances paradisiaques … ma vision ne cesse d’évoluer ! Forcément.

    Heureusement le cadre grandiose de ce magnifique pays rend la tâche plus supportable, il faut dire que nos couloirs sont en réalité des courants d’air au bord de l’eau et au pied des palmiers. Les paysages sont plutôt fabuleux et la basse-saison fait que l’endroit n’est pas encore noyé sous une foule de touristes pressés, stressés, stressants  … C’est d’autant plus beau ! 

    Car oui, c’est bien la basse-saison ici. L’hiver en Juin, je ne m’y fais toujours pas ! En attendant et avant que l’hiver ne s’installe complètement de ce côté de la planète, parmi le million d’habitants qui peuplent l’île Sud de la Nouvelle-Zélande, 7000 vivent sur la Péninsule et nous, mes colocs et moi, avons eu le privilège d’en rencontrer deux. Deux très belles personnes. Au coeur d’une nature toujours plus dense et sauvage, Asif, (notre collègue à la réception quelques heures par semaine- et Marie, sa compagne Kiwi, nous ont chaleureusement accueillies dans l’endroit merveilleux qu’ils ont le privilège d’appeler Home. Et bonus, au coeur des reliefs, les frontières de la ferme se jettent dans l’Océan. L’endroit est majestueux. Le moment, hors du temps. Ces rencontres du bout du monde sont toujours de si précieux instants. Autour d’un thé, évidemment, nous échangeons, nous partageons un petit moment de vie. Le couple est atypique, nos histoires se mêlent et nous rapprochent … le temps nous échappe déjà, il est l’heure de se quitter. De refaire la route. De retrouver la « routine » à  Akaroa. 

    Et entre autres routines, il y a celle du partage de potins, anecdotes et histoires en tous genre. C’est « notre moment » à Maud, ma super coloc française de 22 ans, et moi ! D’ailleurs, de confidence en rigolade, elle m’a récemment confié qu’elle adore skier. Oui. Mais … jamais au grand jamais tu ne devineras où elle a ses habitudes … Allez !! Un peu d’imagination … Ouiiii !!!!! Au bout de la RN20. A Ax les 3 Domaines. Dans notre belle Ariège ! Fallait le faire non ? À 20 000 kilomètres de la maison, au beau milieu de nul part sur une île perdue du Pacifique, je rencontre Maud, une nantaise doublée d’une skieuse ariégeoise ! À croire que le monde est vraiment très petit pour qu’on se retrouve ici.

    Tu l’auras compris, en ce moment, au coeur de la Péninsule de Banks je passe le plus clair de mon temps entre le motel et la maison. Enfin, dans moins de 4 semaines maintenant un nouveau départ est programmé. Je crois bien que je suis déjà impatiente ! D’ici là … Portez vous bien  !

    Kilomètres parcourus depuis le 25 août 2016 : 43.679 kms
    20.533 en avion
    5.186 en bus
    1.024 en train
    16.836 en voiture
    100 en bateau

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  • Margaux mai 2017, Akaroa rue Jolie

    Margaux mai 2017, Akaroa rue Jolie

    Je ne compte plus le nombre de candidatures et mails envoyés ces derniers mois. Tous restent lettre morte. C’est frustrant. Fatigant. Ca interpelle aussi : qu’est-ce que je ne fais pas bien ? Pourquoi n’ai-je pas de retour … moi, je n’attendais qu’une seule chose : une réponse. Un oui. Un non … mais quelque chose.

    Enfin, au moment où je n’y croyais plus «elle » finit par arriver et met un point final à la vie à la ferme. C’est étrange : ces deux petites têtes blondes qui ont animé la plus grande partie de mes journées ces derniers mois … je les vois surement pour la dernière fois. Il est temps de partir, de repartir.

    Je me le dis presque à chacune des rencontres merveilleuses que je fais … mais vraiment, sans l’ouverture d’esprit, la générosité et la bonne humeur de la famille de Stephanie et Bayden mon aventure n’aurait pas été tout à fait la même. En mettant le cap au Nord je sens bien que je suis déjà nostalgique de ces beaux souvenirs partagés.

    Deux correspondances de bus plus tard, c’est à Akaroa, petit village perdu sur la péninsule de Banks dans le Canterbury que je pose mon sac. Ici on est au bord de l’eau au coeur d’un très ancien super volcan.  On est aussi un peu loin de tout mais surtout, il y a 200 ans un groupe de baleiniers français a essayé d’élaborer une colonie ici … Quand je dis essayer c’est vraiment ça, Akaroa c’est un peu l’histoire d’un échec colonial français (que je vous invite à découvrir en détail sur la Toile)… Mais c’est aussi la ville la plus française de Nouvelle-Zélande. Les drapeaux tricolores sont omniprésents, d’ailleurs je monte les couleurs au-dessus de la Réception chaque matin et, si les croissants de Mazas me manquent vraiment, ici il faudra débourser 3 NZ$ pour une version locale. Un luxe tu l’auras compris.

    Il y a plusieurs restaurants français mais aussi, et surtout, un motel au bord de l’eau … où j’officie pendant 12 semaines. Je trouve rapidement ma place au sein de l’équipe (les gérants et les autres employées – un groupe cosmopolite et à géométrie variable en fonction de la durée de séjour de chacun -, et c’est tant mieux car il n’y pas une minute à perdre. Je suis littéralement « poussée » dans le grand le bain. L’expérience québécoise à Canopée Lits m’est vraiment utile. Les lits au carré … j’ai appris et ça tombe bien parce que dans les premières 24 heures, il y en a plutôt beaucoup à faire.

    Désormais, cependant, et si vous cherchez une destination insolite pour vous refaire une santé sachez que je suis la voix au bout du fil qui décroche et accueille les clients !! Oui, parce que j’ai été embauchée comme femme de chambre … puis finalement comme réceptionniste !! Cool, une expérience de plus et des compétences nouvelles à ajouter à mon CV.

    Dès le lendemain de mon arrivée, on accueillait une nouvelle recrue qui complète l’équipe. Maud, une jeune Française avec qui le contact passe très bien. Tout de suite on s’est trouvé des points communs : nos parcours qui sont similaires et différents à la fois, mais où chacune a trouvé dans le voyage une résonance presque évidente : Prendre le temps de se perdre pour mieux se retrouver.

    C’est donc ici, à Akaroa au coeur d’un ancien volcan que je prends mes quartiers d’hiver ! Ben oui, ici, la neige commence à saupoudrer les sommets et les températures se rapproche du zéro chaque matin … L’aventure néo-zélandaise n’est pas finie et me réserve encore plein de belles découvertes que je partage, évidemment, avec vous dès le mois prochain.

    Kilomètres parcourus depuis le 25 août 2016 : 43.589 kms
    20.533 en avion
    5.186 en bus
    1.024 en train
    16.796 en voiture
    100 en bateau

    Toute l’aventure de Margaux sur : margauxvallet.wixsite.com