Margaux juin 2017, Banks Peninsula
Voilà 53 jours que j’ai posé mon sac à Akaroa sur la Péninsule de Banks. Nous ne sommes qu’à 80 kilomètres de Christchurch, la plus proche ville digne de ce nom et pourtant les touristes affluent des quatre coins de la planète pour découvrir sur ce petit bout de terre que la France a presque failli coloniser en 1840.
Il faut dire que le lieu satisfait bien des curiosités : les baguettes françaises à 5$ pièce mais aussi, ici, tu peux nager avec des dauphins ou vraiment rencontrer les manchots à oeil jaune, endémiques de l’île et considérés comme faisant partie des plus rares au monde.
Au motel, le quotidien est rythmé par les arrivées et les départs de ces fameux touristes qui viennent d’un peu partout. J’ai, depuis quelques semaines, pris mes quartiers à la réception. Bien que la quantité d’informations à traiter soit assez colossale, je commence à maîtriser les logiciels hôteliers et fais mon affaire de la paperasse et autres obligations administratives. Si à l’accueil on apprend la patience en répondant avec le même sourire et la même attention que nos clients soient franchement antipathiques ou plutôt très sympathiques, au ménage on se construit une carapace ! Tu n’imagines même pas ce qu’il faut de courage, de volonté et d’abnégation pour passer après « les touristes » ! Et je te parle en connaissance de cause car, même ici, au bout de la route du bout du monde, il n’y a pas un jour qui n’amène pas son lot de découvertes et dernièrement on a eu le droit à un milliard de confettis sur la moquette, c’est consternant … mais bon, quand dans la même semaine tu as les ballons gonflables qui tapissent la chambre, les casseroles cramées qu’il faut bien récupérer et le vomi de bébé dans les serviettes de bain … là, tu commences à rire jaune ! « Merci les gens !! Passez de belles vacances … »
Sacré métier l’hôtellerie … Remettre en place ce qui a été déplacé. Ranger ce qui a été dérangé. Nettoyer pour pouvoir salir de nouveau. Défaire et tout refaire. Ca a quelque chose de désuet et d’accablant. En tout cas pour cette deuxième expérience au sein d’un établissement hôtelier, en vivant en 24/7 dans l’envers du décor des vacances paradisiaques … ma vision ne cesse d’évoluer ! Forcément.
Heureusement le cadre grandiose de ce magnifique pays rend la tâche plus supportable, il faut dire que nos couloirs sont en réalité des courants d’air au bord de l’eau et au pied des palmiers. Les paysages sont plutôt fabuleux et la basse-saison fait que l’endroit n’est pas encore noyé sous une foule de touristes pressés, stressés, stressants … C’est d’autant plus beau !
Car oui, c’est bien la basse-saison ici. L’hiver en Juin, je ne m’y fais toujours pas ! En attendant et avant que l’hiver ne s’installe complètement de ce côté de la planète, parmi le million d’habitants qui peuplent l’île Sud de la Nouvelle-Zélande, 7000 vivent sur la Péninsule et nous, mes colocs et moi, avons eu le privilège d’en rencontrer deux. Deux très belles personnes. Au coeur d’une nature toujours plus dense et sauvage, Asif, (notre collègue à la réception quelques heures par semaine- et Marie, sa compagne Kiwi, nous ont chaleureusement accueillies dans l’endroit merveilleux qu’ils ont le privilège d’appeler Home. Et bonus, au coeur des reliefs, les frontières de la ferme se jettent dans l’Océan. L’endroit est majestueux. Le moment, hors du temps. Ces rencontres du bout du monde sont toujours de si précieux instants. Autour d’un thé, évidemment, nous échangeons, nous partageons un petit moment de vie. Le couple est atypique, nos histoires se mêlent et nous rapprochent … le temps nous échappe déjà, il est l’heure de se quitter. De refaire la route. De retrouver la « routine » à Akaroa.
Et entre autres routines, il y a celle du partage de potins, anecdotes et histoires en tous genre. C’est « notre moment » à Maud, ma super coloc française de 22 ans, et moi ! D’ailleurs, de confidence en rigolade, elle m’a récemment confié qu’elle adore skier. Oui. Mais … jamais au grand jamais tu ne devineras où elle a ses habitudes … Allez !! Un peu d’imagination … Ouiiii !!!!! Au bout de la RN20. A Ax les 3 Domaines. Dans notre belle Ariège ! Fallait le faire non ? À 20 000 kilomètres de la maison, au beau milieu de nul part sur une île perdue du Pacifique, je rencontre Maud, une nantaise doublée d’une skieuse ariégeoise ! À croire que le monde est vraiment très petit pour qu’on se retrouve ici.
Tu l’auras compris, en ce moment, au coeur de la Péninsule de Banks je passe le plus clair de mon temps entre le motel et la maison. Enfin, dans moins de 4 semaines maintenant un nouveau départ est programmé. Je crois bien que je suis déjà impatiente ! D’ici là … Portez vous bien !
Kilomètres parcourus depuis le 25 août 2016 : 43.679 kms
20.533 en avion
5.186 en bus
1.024 en train
16.836 en voiture
100 en bateau
Toute l’aventure de Margaux sur : margauxvallet.wixsite.com