Ils sont douze. Six hommes et six femmes, presque tous très vieux.
Tous sont aveugles. Certains depuis leur naissance… Le prêtre de leur hospice les a emmenés en promenade puis il a disparu. Ils l’attendent…
Voici un spectacle radical, au sens où il se dépouille du superflu pour mieux aller à l’essentiel. Dans le texte de Maeterlinck, le moteur principal est le “ tragique quotidien ”. Le dramaturge belge a écrit cette pièce audacieuse en 1890, en étant habité par un désir : remplacer les acteurs par des effigies qui ont “l’apparence de la vie sans avoir la vie”, afin de mieux dire “l’étrange et silencieuse tragédie de l’être et de l’immensité”.
Ce sont des marionnettes hyperréalistes qui portent le texte des Aveugles. Leur réalisme renforce l’atmosphère d’inquiétude où ils évoluent et leur surnombre (13 personnages pour 4 marionnettistes) impose une économie de mouvement permettant à la langue de faire résonner « l’âme du poète ».
Bérangère Vantusso suit ce chemin. Elle met en scène des marionnettes saisissantes de réalisme pour représenter les personnages, êtres traversés par des émotions intenses. Une expérience sensorielle fascinante et bouleversante, dont on garde le souvenir longtemps en mémoire.
En 1890, Maeterlinck voulait chasser l’acteur de la scène car il considérait que l’idée d’humain, implicite dans tout travail de «représentation» de l’acteur, était dépassée. À sa place, il préconisait l’intervention d’un androïde, d’une créature qui a perdu toute identité humaine mais qui, toutefois, en garde la forme.
Pour aller au bout de ce fantasme de l’auteur, Bérangère Vantusso, metteur en scène et directrice de la compagnie Trois-six-trente, nous propose une vision originale de cette courte pièce. Les Aveugles sont interprétés par treize marionnettes hyper-réalistes, sculptées, habillées, coiffées comme une véritable population d’humains aveugles, à ceci près qu’elles sont à une échelle réduite.
Les Aveugles est le second volet d’un dyptique dont la première partie (un spectacle pour enfants) Kant de Jon Fosse, a été créée en mars 2007. Deux pièces, écrites à un siècle d’intervalle et destinées à des spectateurs d’âges différents, et qui ont en commun le même questionnement dramaturgique : notre désarroi face à l’inconnu, à l’inconcevable de la présence de l’homme sur terre.
LES AVEUGLES d’après Maurice Maeterlinck
Bérangère Vantusso – Compagnie Trois Six Trente
Mardi 15 octobre à 20h45 à l’Estive de Foix
Jeudi 17 octobre à 20h45 au Carla Bayle – Salle municipale
Samedi 19 octobre à 20h45 à Espezel – Salle municipale
Avec la commune du Carla- Bayle, l’Association Autour de Pierre Bayle et le Pays des Portes d’Ariège. Avec le Conseil général de l’Ariège.
Avec la commune d’Espezel, la Communauté de communes du Pays de Sault et le Conseil général de l’Aude.
Crédit photo : Ivan Boccara
Renseignements et réservations au 05.61.05.05.55 /www.lestive.com