Histoire et Patrimoine

La Guerre des Demoiselles, un conflit ariégeois peu connu

La Guerre des Demoiselles, un conflit ariégeois méconnu Ariège Pyrénées

Photo la révolte des paysans : histoire-ariege.monsite-orange.fr

Depuis le Moyen-Age, le Couserans et les hautes vallées de l’Ariège, reculés, vivent en quasi autarcie. Ce qu’offre la forêt  assure la survie de la population qui la considère comme son bien propre. Ces montagnards ont des condition de vie de plus en plus rudes. Ils consomment leur propre produit. Ils vivent en autarcie dans des vallées cloisonnées où les moyens de communication sont difficiles. trés peu connaissent ce qui se passe à l’extérieur.

La rébellion est due au vote, le 27 mai 1827, d’une nouvelle réglementation du code forestier, qui sera appliquée à partir de 1829 qui impose : « une nouvelle réglementation de l’usage des forêts, en particulier concernant le ramassage du bois, les coupes et surtout le pâturage désormais mis en défens (interdit), le droit de marronnage, et les droits de chasse, de pêche et de cueillette ».

Les paysans des vallées de la Bellongue, de Bethmale, du Biros mais aussi de Massat, s’insurgent et « les Demoiselles » font leur apparition.

Pourquoi les demoiselles ?

Les paysans apparaissent déguisés en femmes, avec de longues chemises blanches ou des peaux de moutons, des foulards ou des perruques, le visage noirci ou caché pour attaquer — essentiellement la nuit — les grands propriétaires, les gardes forestiers et gendarmes, les maîtres de forges et les charbonniers.

Dans le Castillonnais et la vallée de Massat (1829-1830)

Entre le printemps 1829 et le printemps 1830, les révoltés sont très nombreux (de 300 à 400 individus, selon les procès-verbaux) et les sorties des « Demoiselles » très fréquentes.

A cette période, les « Demoiselles » ne manifestent pas de revendications à caractère social. Elles s’en prennent à tous ceux qui les empêchent de jouir des forêts en toute liberté : gardes, gendarmes et charbonniers. Les résistances aux saisies du bétail constituent les premières véritables occasions de sorties pour les Demoiselles.

Dans la forêt de Saint-Lary, entre le 25 et le 30 mai 1829. Vingt gardes forestiers, ayant surpris six bergers en délit avec leurs troupeaux, veulent s’emparer des bêtes ; mais ils se retrouvent très rapidement face à une centaine de paysans déguisés et armés qui les insultent, leur jettent des pierres et tirent même des coups de fusil. Effrayés et impuissants, les gardes se retirent.

Durant l’été 1829, les « Demoiselles » s’en prennent aussi aux charbonniers, accusés d’exploiter les arbres. Ils font l’objet de violences à Sentein, en vallée de Biros, puis en juillet à Ustou, dans le sud du Saint-Gironnais ; charbonnières incendiées, cabanes et objets détruits, ils essuient même plusieurs coups de fusil.

Les gardes forestiers, insultés, malmenés et terrorisés, sont également la cible privilégiée des « Demoiselles »

Ces actions simples et directes, menées contre tous ceux qui entravent la libre utilisation des forêt, sont très rapidement populaires, et le mouvement ne tarde pas à s’étendre dans les régions voisines du département de l’Ariège.

La propagation de la révolte (1830-1832)

La révolte s’étend dans plusieurs vallée des Pyrénées, dans Le Cousserans, le Comminge et même près de Saint-Lary en vallée d’Autrech.

Dès janvier 1830, les Demoiselles sont maîtres du terrain non seulement dans le sud de l’Ariège, mais aussi depuis Aspet et Saint-Béat en Haute-Garonne et jusqu’à Belcaire dans l’Aude

De telles manifestations montrent le soutien dont bénéficient les Demoiselles auprès des populations et des autorités locales, comme les maires. Les renforts de troupe envoyés sur place se révèlent inopérants, car les actions de guérilla des révoltés sont sporadiques et se développent sur des territoires de montagne très accidentés et mal connus.

À partir de l’été 1830, les actions se font plus violentes et s’étendent à toute l’Ariège. Elles sont dirigées notamment contre les maîtres de forges.

Jusqu’à la mi-septembre, les troubles se multiplient. Puis soudain, se calment : une Commission Départementale des Forêts est créée et mise en place, le 27 septembre, elle est susceptible d’amener des solutions aux revendications des Demoiselles. Mais du mois de novembre 1830 au mois de mars 1831, les émeutes reprennent. Certains propriétaires sont contraints de céder des droits aux Demoiselles sous cette pression importante, dévastatrice et impressionnante.

Le 23 février 1831 une ordonnance ministérielle restaure le droit de pacage et celle du 27 mai 1831 supprime pour l’Ariège toutes les dispositions du code forestier de 1827 qui avaient enflammé la région. Une amnistie générale est signée, les condamnés sont libérés, toute poursuite judiciaire est stoppée.

Mais quelques années de guérilla intense et de résistance contre les pouvoirs établis ont créé des réflexes d’auto-défense qui reflètent bien le tempérament de ces populations pyrénéennes. Montségur n’est pas très loin !

Après 20 années de troubles plus où moins importants, les dernières interventions sont constatées dans le Massatois et la vallée de la Bellongue en mai 1866 et mai 1867, et pour se terminer en 1872.

Cette révolte ne fit que deux morts en 43 ans : du côté du parti de l’ordre, un garde forestier abattu par des paysans en 1867 ; et du côté des Demoiselles, François Baron tué par les gardes forestiers en 1832.

Cette rébellion inspire dès 1830 la pièce Le Drame des Demoiselles, qui se joue au théâtre des Variétés, à Paris.

En 1983, Jacques Nichet réalise un long-métrage de 90 minutes intitulé La Guerre des Demoiselles.

En 1976, la première chaîne TV confie à Gérard Guillaume et Jeanne Labrune la réalisation d’un long métrage (deux épisodes) intitulé : La Guerre des Demoiselles tourné en haute Ariège (MASSAT) avec des acteurs professionnels et des intervenants locaux. À la fois essai sur la mémoire collective et participation militante contre le projet de parc national de Haute-Ariège, alors très discuté, ce film ne sera diffusé qu’une fois bien qu’il ait reçu un accueil enthousiaste des populations autochtones lors de projections privées suivies de débats animés. Le film est disponible aux archives de l’INA.

Sources : histoire-ariege.monsite-orange.fr / wikipedia.org /

[callout]Télécharger les émissions boutique.ina.fr

La Guerre des Demoiselles par Louis Bourliaguet  www.priceminister.com

La Guerre des Demoiselles en Ariège (1829-1873) par François BABY :www.delcampe.net / www.mollat.com[/callout]

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