Camp de concentration du Vernet d’Ariège, haut lieu de mémoires
Raymond Cubells est président de L’Amicale des Anciens Internés Politiques et Résistants du camp de concentration du Vernet d’Ariège depuis huit ans. Il nous parle aujourd’hui de la terrible histoire des internés entre 1939 et 1944, du musée et de l’amicale fondée il y a 70 ans.
Le Camp de concentration
Car c’est bien de cela qu’il s’agit et Monsieur Cubells, professeur des écoles et président de l’amicale insiste bien sur le nom qu’on préfèrerait ne pas entendre, car ce terme a été utilisé dès l’ouverture du camp en février 1939 par l’administration de la Troisième République Française et les prisonniers.
C’est après la défaite de la République espagnole, que le Camp de concentration du Vernet d’Ariège a servi à interner les soldats de l’armée républicaine espagnole.
Dans des conditions inhumaines, dormant dehors sous le froid et la neige sans presque rien à manger, c’est jusqu’à 15000 personnes qui sont internés en juin 1939.
A partir du 3 septembre 1939, date de déclaration de guerre entre la France et l’Allemagne, ce camp de concentration est devenu un camp répressif où sont enfermés « les indésirables étrangers » habitants sur le sol français. Citoyens allemands, communistes étrangers (Espagnols, Italiens, Yougoslaves,…) ainsi que tous les étrangers (Russes blancs, Juifs, Tsiganes) sont arrêtés sur le sol français et internés au camp du Vernet. Cela durera jusqu’à la fermeture du camp le 30 juin 1944.
Parallèlement, à partir de 1942, Le camp a servi de transit pour les juifs, notamment des enfants, raflés en Ariège et dans le Gers par l’administration de Vichy, avant leur déportation en Allemagne. Une liste de 46 enfants juifs déportés est consultable dans le wagon de la gare du Vernet.
« Il n’y a pas lieu de faire régner, dans les camps de Gurs, d’Argelès, de Rivesaltes ou des Milles, une discipline aussi stricte qu’au Vernet où se trouvent des repris de justice et des extrémistes«
(Vichy. Ministère de l’Intérieur. Circulaire du 17 janvier 1941).
Le 30 juin 1944, les 403 derniers internés sont évacués en camion et en bus (pour les estropiés) jusqu’à Toulouse. Le 3 juillet ils seront déportés par le « Train Fantôme », qui mettra presque 2 mois pour arriver à destination : Dachau pour les hommes et Ravensbrück pour les femmes.
Au total, ce sont 40000 personnes de 54 nationalités qui ont été emprisonnées dans le camps et au moins 4679 prisonniers qui ont été déportés entre 1941 et 1944 vers les camps de Djelfa (Algérie), d’Aurigny (îles anglo-normandes), d’Auschwitz (Pologne), de Dachau (Allemagne)…
Aujourd’hui, seuls subsistent le château et les poteaux marquant l’entrée du camp, ainsi que les baraques des gardes devenues pavillons d’habitation, de l’autre côté de la Route Nationale 20.
Le Musée
Dans les années 1980, des anciens internés ont eu à coeur de créer un musée consacré à la mémoire de cette époque douleureuse et honteuse. Tout d’abord dans les locaux de la mairie, cette dernière a mis disposition un local sur la place du village. Il retrace en 15 panneaux chronologiques et thématiques la vie du camp et donne de nombreuses explications sur cette triste période de l’Histoire de France. On peut trouver la maquette du camp de concentration, des objets réalisés par les prisonniers, des photos des anciens internés, des dessins… La visite, libre ou guidée, est gratuite.
L’espace Gare-Wagon
Le wagon situé à la gare du Vernet d’Ariège a été acheté à la SNCF en 1996 et remis en état avec l’aide de l’EREA – Établissement Régional d’Enseignement Adapté de Pamiers. Le projet cette année est d’aménager cet espace Gare-Wagon avec le déplacement du wagon et la pose de 4 panneaux qui vont baliser les 4 périodes de déportations entre 1941 et 1944 :
- 1941 déportation vers le camp de Djelfa en Algérie
- 1942 déportation des 46 enfants juifs
- 1943 déportation en Italie
- 1944 déportation des derniers prisonniers vers Dachau et Ravensbrück
A ce jour 40000 euros ont été récoltés grâce au Conseil régional Midi-Pyrénées, à la réserve parlementaire de Jean-Pierre Bel Sénateur et celle d’Alain Fauré Député, à la SNCF et au ministère des anciens combattants. Un travail est en cours avec le Conseil Général propriétaire des lieux.
Les dons peuvent être envoyés à notre siège Social :
AAIPRCC du Vernet d’Ariège MAIRIE, place Guilhamet 09700 LE VERNET D’ARIEGE
Le chèque est à mettre à l’ordre de l’Amicale du camp du Vernet
numéro de CCP : 2 344 62 S TOULOUSE
Le cimetière et le mémorial
le cimetière a été préservé sur la commune de Saverdun, grâce à l’action des anciens prisonniers du camp du Vernet et à Lucien Amiel, maire de Saverdun. 153 tombes restent encore dans ce cimetière où reposent à jamais des Espagnols, Russes, Polonais, Italiens, Yougoslaves, Arméniens, Tchèques, Chinois, Portugais, Hongrois, Roumains et autres nationalités, pour avoir lutté contre la politique hitlérienne et défendu la liberté et la paix des peuples.
5 panneaux historiques expliquent la présence de ce cimetière là et le parvis des nationalités des anciens internés du camp. Accès libre.
L’amicale
Elle a été créée le 1er décembre 1944, quelques mois après la fermeture du camp, par les anciens internés qui voulaient perpétuer le souvenir de ce qui s’est passé dans ce camp de sinistre mémoire. Elle rassemble une quarantaine d’adhérents en France et à l’étranger,anciens internés, leurs familles et leurs proches.
Depuis sa création, l’Amicale est la dépositaire de cette Mémoire et de cette Histoire et en assure la transmission aux jeunes générations.
Pour avoir lutté contre les fascismes et défendu la liberté et la paix des peuples, 215 personnes sont mortes à cause de leur internement dans des conditions inhumaines. 152 reposent à jamais dans le cimetière.
Souvenons-nous !
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