Mine de Salau : Il est urgent de retirer les transformateurs au Pyralène selon Jérôme Azéma
Notre invité de la semaine Jérôme Azéma vient régulièrement nous informer de ses actions pour le département de l’Ariège. Ce mois-ci ce sont deux dossiers « brulants » que nous évoquons avec lui, notamment le dossier de la mine de Salau pour lequel il a usé de sa position de référent départemental pour informer les instances nationales. Un moment pour nous pour faire le point de nouveau sur ce dossier.
La mine de Salau, située sur la commune de Couflens, est une mine de Tungstène, minerai en pénurie mondiale, et hautement stratégique. Ce gisement fût exploité entre 1976 et 1986. Plus de 11 000 tonnes de tungstène furent extraites à une teneur moyenne de 1,5 %, ce qui en faisait à l’époque le gisement de tungstène le plus riche du monde. Il fût fermé, comme beaucoup d’autres exploitations de tungstène, à la suite d’un fort dumping de la Chine.
Les travaux scientifiques menés par la Société E-Mines durant ces deux dernières années ont démontré que ce gisement avait été très largement sous-estimé, et qu’il pouvait être considéré aujourd’hui comme l’un des plus importants au niveau mondial. L’objectif du projet mené par Apollo Minerals au travers de ses filiales françaises Mines du Salat et Ariège Tungstène est la démonstration de 50 000 tonnes de tungstène. Le potentiel géologique serait beaucoup plus important, probablement plus de 200 000 t, le gisement se poursuivant jusqu’en Espagne. Par ailleurs, ces mêmes travaux scientifiques ont démontré que le minerai, particulièrement riche en tungstène, est également riche en or (> 5 g/t), ce qui préserverait la future exploitation des fluctuations sur le cours du tungstène et garantirait l’économie du projet sur le long terme.
Un permis exclusif de recherche minier (PERM « Couflens ») a été signé le 20 octobre 2016 par Mr Sirugue, ancien Secrétaire d’Etat à l’Industrie, permis confirmé par le Premier Ministre Cazeneuve avec des clauses environnementale, et publié au Journal Officiel le 11 février 2017. L’exécution de ce PERM est supervisée par l’Etat, via la préfecture de l’Ariège.
Cependant, le maire de la ville de Couflens, qui était en charge de la fermeture de l’exploitation, s’acharne à stopper le projet, pour des raisons expliquées ci-après. En particulier, il a exhumé un arrêté municipal de 1992 interdisant l’accès à tout véhicule à la seule route d’accès au carreau de la mine, alors que de nombreux véhicules ont circulé sur cette route depuis 25 ans sans difficulté. Mme la Préfète de l’Ariège, Marie LAJUS, a saisi la Justice en référé pour « détournement de pouvoir » et « application discriminatoire d’un arrêté municipal », contre le maire de Couflens. Mais le Tribunal Administratif a rejeté cette requête de la préfecture.
De ce fait, la circulation de tout véhicule est interdite sur la route d’accès à la mine. Or la mine de Salau présente en ce moment même deux risques majeurs : les rejets miniers et le PCB des transformateurs.
Les rejets miniers présentent un risque géotechnique majeur !
Ceux-ci correspondent à deux tas déversés sur la pente du Carreau 1230 de la mine et sur le Plat des Pommiers en contre-bas. Au total, ces déchets représentent environ 1 million de tonnes de résidus de traitement constitués par les restes du minerai broyé, une fois la plus grande partie du tungstène (sous forme d’un minéral : la scheelite) retiré. Ces tas sont restés à l’abandon sur une forte pente pendant plus de 40 années ; aucune étude sérieuse de leur impact environnemental ne fut réalisée.
Les résidus sont donc constitués d’une roche réduite en poudre, d’une granulométrie très fine : 60 µ. Aujourd’hui encore, ils restent très peu végétalisés, mais cette caractéristique n’est pas liée à une toxicité particulière et peut aisément s’expliquer :
- Il s’agit d’une roche en poudre : milieu particulièrement peu fertile pour la végétation
- Ils subissent un fort phénomène d’érosion sur la pente, ce qui handicape la végétalisation.
Ils présentent des traces de métaux et métalloïdes, mais dans des proportions faibles pour ce genre de matériau, et l’étude halieutique effectuée dans le ruisseau du Cougnet qui érode le bas de ces tas n’a pas révélé une contamination de la faune aquatique par ces métaux et métalloïdes.
Cependant, si ces tas n’ont que peu ou pas d’impact sur une contamination chimique, ils présentent un risque géotechnique majeur pour l’environnement.
Ces tas sont constitués par une pulpe de roche pulvérulente de granulométrie moyenne de 60µ. Ils ont été déposés sur une pente forte, plus de 45 degrés, et sur une membrane géotechnique étanche qui empêche son drainage par infiltration.
A l’extérieur du tas, l’exposition à l’oxygène de l’air a provoqué la formation d’une croute indurée (principalement des oxydes de fer, d’où la couleur rouge des tas) qui donne l’apparence d’une bonne stabilité.
Toutefois, à l’intérieur du tas et sous la protection de cette croute d’oxydes, il reste possible (probable ?) que ces rejets forment un matériau très différent, riche en eau et pouvant s’apparenter à un gel (milieu thixotrope). Dans cette hypothèse, un évènement extérieur comme une inondation ou une avalanche, pourrait entrainer le fluage des tas et le déversement de plusieurs dizaines voire centaines de milliers de tonnes d’une boue très fluide dans le cours d’eau le Cougnet. Cela pourrait entrainer une pollution massive par asphyxie des cours d’eau jusqu’à en affecter la Garonne.
Des catastrophes de ce genre arrivent fréquemment sur des sites miniers. Il est urgent de vérifier la stabilité de ces tas par des sondages géotechniques (technologie des sondages soniques) qui devraient être entrepris dès le printemps pour peu que les problèmes d’accès à la mine soient résolus.
Mines du Salat, le porteur du projet PERM, a planifié une série d’études pour évaluer la possibilité de réintroduire ces rejets dans l’ancienne mine en les incorporant dans le circuit de traitement du minerai d’une future exploitation. Il serait ainsi fait la démonstration que loin de générer des pollutions supplémentaires, une mine responsable peut contribuer à restaurer un environnement dégradé.
du PCB dans l’eau du Cougnet
Les journalistes d’investigation de la revue mensuelle l’Ariégeois magazine ont révélé la présence dans la mine de 5 transformateurs ayant contenu du PCB (pyralène) et partiellement vidés mais non décontaminés, ainsi que celle d’autres transformateurs encore pleins.
Les études réalisées récemment par Géodéris auraient montré des traces de PCB dans l’eau du Cougnet (le torrent qui draine l’entrée de la mine). Cette contamination est confirmée par l’étude halieutique commandée par Mines du Salat qui révèle la présence de PCB dans la chair des truites de ce même torrent. On rappellera la longue persistance des PCB dans l’environnement et leur capacité à se concentrer dans la chaine alimentaire.
Il est donc urgent de procéder à l’évaluation de ce risque et de retirer au plus tôt ces transformateurs de la mine afin de stopper cette contamination particulièrement grave. Il apparait aujourd’hui évident qu’ils sont la source des contaminations constatées.
Jérôme Azéma en tant que référent de LaREM09 a contacté immédiatement les services de l‘Etat (préfecture, services du premier ministre, des ministères de l’a transition écologique et solidaire, et de la santé), car il appartient à l’Etat d’imposer la réouverture de l’accès au carreau de la mine dans les plus brefs délais.